Les acteurs du bilan de compétences entendent accompagner la réforme de la formation

Par - Le 01 octobre 2014.

Avec 358 lieux d'accueil
sur l'ensemble du
territoire, Outre-mer
compris, 732 salariés,
dont 592 consultants, et
un chiffre d'affaires de
37 millions d'euros, le
réseau des centres de bilan
de compétences affirme son
rôle majeur d'organisation
et d'accompagnement
des trajectoires
professionnelles.
Et veut prendre sa place
dans la mise en oeuvre de
la réforme de la formation.

Bientôt trentenaire − expérimenté
en 1986, développé à partir
de 1989, réglementé par la loi
de décembre 1991 −, le bilan de
compétences se trouve à présent
impacté par la réforme de la formation
professionnelle. La question était au
coeur du colloque co-organisé par
Centre Inffo et les fédérations nationales
et européennes des CIBC [ 1 ][Centres interinstitutionnels de bilan
de compétences->www.cibc.net
] − la
FNCIBC et la FECBOP −, le 4 septembre
dernier. Comment articuler ce
dispositif avec ceux créés par la loi du
5 mars 2014, comme le conseil en évolution
professionnelle (CEP) ou encore
le compte personnel de formation
(CPF) ?

Apaiser les appréhensions

“L'arrêté fixant le cahier des charges du
CEP donne la possibilité de faire appel à
un bilan de compétences dans ce cadre. Il
n'y a donc pas de risque de concurrence",
explique Michel Ferreira-Maia, chef de
la Mission des politiques de formation
et de qualification à la DGEFP, très
certainement pour apaiser les appréhensions
d'une salle pleine à craquer
des représentants des 358 CIBC. Avec
11 548 bilans de compétences effectués
en 2013 contre 7 565 en 2003 par les
CIBC, le recours à cette prestation,
“dont l'objectif est de permettre au salarié
d'identifier ce qu'il sait sans le savoir",
selon le conseiller confédéral CGT
Djamal Teskouk, reste marginal.

“Tous les réseaux doivent
repenser leur offre de services"

“Au sein de l'entreprise, l'entretien professionnel
est devenu fondamental avec
la réforme, la mise en place du CEP
impose de revisiter la notion de projet
professionnel, rappelle Alain Druelles,
directeur adjoint de l'éducation et
de la formation du Medef : Tous les
réseaux doivent repenser leur offre de
services. Si le conseil en évolution professionnelle
permet d'augmenter la qualité
des prestations, cela suppose aussi que
les entreprises revoient leurs processus
d'entretiens professionnels. Les interrogations
à propos des bilans de compétences
existaient avant la mise en place
du CEP, la mise en place de celui-ci
n'a fait que les augmenter."

“L'un des mots-clés de la réforme est
« compétences », donc les bilans de compétences
sortent renforcés, contextualise
Catherine Bourrut, secrétaire confédérale
à la CFDT. Le deuxième mot-clé
est « coordination », entre les différents
acteurs et outils, la VAE, l'entretien professionnel,
les dispositifs de formation
professionnelle. Dans ce contexte, le CEP
est le lieu central."

Entrer dans une “logique
de service individualisé"


“Le CEP est un droit universel qui
concerne tous les citoyens. La question
de la place des bilans de compétences se
pose dans un cadre plus vaste, notamment
avec la mise en place des services
publics régionaux de l'orientation", met
de son côté en perspective Philippe
Dole, inspecteur général des affaires
sociales (Igas) [ 2 ]Qui a mené la réflexion dans le cadre
de la concertation État, Régions, partenaires
sociaux, sur la construction des listes
des formations éligibles au CPF et
sur le conseil en évolution
professionnelle.
. “

Par ailleurs, la loi renverse le paradigme,
la personne devient co-auteure
et consommatrice, nous ne sommes plus,
avec le CEP, dans une logique de prescription.
Les services, dont le bilan de
compétences, sont construits sur une
logique de masse, et il faut passer dorénavant
à une logique de service individualisé."

Au rendez-vous de
la “reconnaissance
professionnelle"


Les bénéficiaires attendent du bilan de
compétences des repères en matière de
projet professionnel.
Pour Christian Blanckaert, président
de la Fédération nationale des CIBC,
il “doit désormais prendre en compte de
nouveaux questionnements, en lien avec
l'accompagnement des trajectoires : perte
de repères personnels et professionnels, nécessité
de reconversion multiforme, malêtre
au travail et risques psychosociaux,
désir d'autonomie par le développement
de l'entreprise individuelle, problématique
des seniors, développement des dispositifs
de GPEC et GTEC".

C'est pourquoi “il n'est pas illogique
que les acteurs cherchent de nouvelles
formes, adaptées à ces évolutions. Nous
sommes prêts à innover et à accompagner
plus efficacement, en collant davantage
aux besoins des bénéficiaires des bilans
de compétences".

Davantage d'implication, et adaptation
de l'existant, aussi. André Chauvet,
consultant-formateur en orientation et
accompagnement des adultes, insiste
sur la nécessité d'“aller plus loin dans
l'articulation du bilan de compétences
avec les systèmes de formation, et la
modularisation de ceux-ci, avec la validation
des acquis de l'expérience et le
conseil en évolution professionnelle, mis
en oeuvre à compter de 2015".

Certification qualité ?

À cette préoccupation s'ajoute celle de
la qualité. Concrètement, les acteurs
se demandent si une démarche de normalisation
de type Afnor permettrait
de “répondre aux attentes des commanditaires
et financeurs en matière de qualité
et d'homogénéité de service sur les
territoires". Lucie Ganzin, de l'Afnor
Certification, répond par l'affirmative.
En effet, les CIBC se sont engagés
depuis longtemps dans une démarche
de qualité nationale, afin de proposer
à leurs clients et financeurs un service
de contrôle. Le réseau s'est doté d'un
“label Qualité CIBC".

Lucie Ganzin recommande de transformer,
dans un premier temps, ce
label en une certification, étendue
ensuite au niveau européen, voire
plus largement international.
Pourquoi la certification ? Parce que,
explique-t-elle, “la certification permet
de remonter la satisfaction des clients, de
professionnaliser les équipes pour garantir
la qualité des services, de véhiculer
une image de sérieux, en bénéficiant de
la reconnaissance d'un organisme tiers et
indépendant". Tout simplement, “c'est
le gage de confiance auprès des partenaires.
La prestation de bilan de compétences
certifiée pourrait devenir un
repère de qualité !".

Notes   [ + ]

1. [Centres interinstitutionnels de bilan
de compétences->www.cibc.net
2. Qui a mené la réflexion dans le cadre
de la concertation État, Régions, partenaires
sociaux, sur la construction des listes
des formations éligibles au CPF et
sur le conseil en évolution
professionnelle.