Les emplois d'avenir ne concurrencent pas l'apprentissage

Par - Le 01 octobre 2014.

Alors que l'arrivée des emplois
d'avenir a fait grincer plus d'une dent
parmi les promoteurs de l'apprentissage,
l'Institut Bertrand Schwartz
présente les résultats d'une recherche-
action concluant à la nonconcurrence
entre les contrats aidés
créés par la loi n° 2012-1189 du
26 octobre 2012 et les contrats d'apprentissage,
victimes d'une baisse
de 8 % en 2013 et de 14 % en 2014.

Objectifs divergents

Ce ne sont pas les emplois d'avenir
qui sont responsables des difficultés
de l'apprentissage mais “la situation
économique ou la prudence des très
petites entreprises face aux incertitudes",
ainsi que “l'annonce [en
2013] de la suppression de la prime
à l'apprentissage pour les entreprises
de plus de 10 salariés". Pour démontrer
l'absence de causalité, l'étude
commence par rappeler que les deux
dispositifs poursuivent des objectifs
différents, les emplois d'avenir
ciblant “avant tout l'emploi", quand
les contrats d'apprentissage sont clairement
la traduction juridique d'une
modalité de formation : l'alternance.

À la fois non-qualifiés
et non-demandeurs de
formation


Sans nier que “l'accès à la formation,
l'accompagnement et le tutorat
sont des dimensions essentielles de
l'emploi d'avenir", l'Institut insiste
sur le fait que l'objectif n'est pas le
diplôme. Citant l'animatrice d'une
unité territoriale de la Direccte [ 1 ]Direction régionale des entreprises,,
l'idée d'une concurrence est rejetée :
“Nous avons affaire à des jeunes non
demandeurs de formation ; l'intérêt,
c'est la durée longue du contrat durant
laquelle ils vont comprendre les
enjeux et trouver progressivement de
la professionnalisation."

Deuxième élément différenciant : le
profil. Alors que les apprentis sont
de plus en plus diplômés, “80 %
des jeunes en emploi d'avenir
n'ont pas le bac et 42 % aucun
diplôme", précise l'étude. Ils
sont aussi plus âgés : 22 ans
contre à peine 19 pour les
apprentis.

Public ou privé,
mondes étanches


Renvoyant également au rang
de préjugé l'idée que les
emplois d'avenir auraient
siphonné les fonds de l'apprentissage,
la recherche action
rappelle que les
emplois d'avenir ont été
signés à 80 % dans le secteur non
marchand, dans les collectivités territoriales
et les associations à but
non lucratif, deux acteurs jusqu'à
présent effectivement peu consommateurs
d'apprentissage.

Suffisant, au regard de l'Institut
Bertrand Schwartz, pour lever le
soupçon de concurrence, l'analyse
ne tient cependant pas compte du
fait que le gouvernement réclame
justement un effort accru des collectivités
publiques pour relancer
l'apprentissage.

Peut-être logique à l'heure où les
vertus de l'alternance sont vantées
par tous, mais bel et bien de nature
à relancer la polémique. “Il est certain
que les petites collectivités ne
peuvent pas à la fois prendre des
emplois d'avenir et des apprentis,
de même pour tous les employeurs
et les Régions : on nous demande
déjà de faire des efforts pour le plan
d'urgence formation sur les emplois
non pourvus", nous déclarait ainsi
l'Association des Régions de France,
en avril 2014.

La question de l'efficacité
comparée


Et si concurrence il y a, au regard
des ressources budgétaires, la
question de l'efficacité comparée
en termes d'insertion et de maintien
dans l'emploi sera certainement posée
lorsqu'une analyse des sortants
d'emplois d'avenir sera publiée.
L'honnêteté demandera alors de
ne pas oublier ce qui vient d'être
éclairé par la recherche-action de
l'Institut Bertrand Schwartz : le
public des emplois d'avenir est plus
éloigné de l'emploi que celui de
l'apprentissage.

de la concurrence, de la consommation,
du travail et de l'emploi.

Notes   [ + ]

1. Direction régionale des entreprises,