Marie-Josée Bergamasco, intermittente expérimentée

Par - Le 01 août 2014.

À 59 ans, Marie-Josée Bergamasco court
le risque de perdre en septembre prochain
son statut d'intermittente du spectacle.
Réforme ou pas, si un contrat ne vient pas
d'ici là renflouer ses droits, elle tombera
alors dans la précarité des allocataires
du RSA. Ce n'était jamais arrivé et, alors
qu'elle subit pour la première fois de
sa carrière un chômage qui dépasse les
huit mois, elle envisage aujourd'hui une
reconversion. On peut parfois l'oublier, mais
le statut d'intermittent est moins un choix
qu'un contrat de travail, qui s'impose dans
certains secteurs d'activité. Pour Marie-
Josée Bergamasco, cela n'a pas toujours
été d'actualité.

Du métier…

Se rêvant un temps interprète ou éducateur
de prison, c'est finalement au Québec qu'elle
débute sa vie professionnelle, embauchée
comme secrétaire médicale. La vraie passion
viendra de la rencontre d'un ébéniste qui
l'initie à la restauration de meubles. La
matière, le travail manuel, le plaisir de la
réalisation, tout lui plaît, c'est décidé, elle en
fera son métier. Retour en France et projet
professionnel validé par l'Agence nationale
pour l'emploi, elle intègre sans souci une
formation de menuisier d'agencement dans
un Gréta parisien. Décrocher un emploi se
révélera plus difficile, même avec le CAP en
poche. Après une centaine de candidatures
et autant de réponses négatives, elle dit
finir par comprendre quand un employeur
la contacte en croyant appeler un homme :
“Mais…, vous êtes une femme !, je ne
peux pas mettre une femme dans un atelier
d'hommes !" Le salut viendra finalement
d'un polytechnicien, lui-même reconverti
dans la menuiserie à 50 ans et qui ne voit
rien à redire à s'enrichir d'une présence
féminine. Expérience plaisante, mais un
peu trop solitaire au goût de Marie-Josée
Bergamasco, qui ne cache pas qu'être seule
à l'ouvrage pour manipuler des escaliers et
des placards peut finir par peser…

… au statut

Nous sommes en 1987 et le statut
d'intermittent arrive avec une nouvelle
proposition, cette fois-ci dans la
construction de décors de théâtre. Le
travail en équipe et la variété des missions
l'enchantent, jusqu'à ce que, treize ans
plus tard, la taille toujours plus importante
de la structure finisse par freiner son
enthousiasme. Resurgit alors une autre de
ses passions : les plantes.

Convaincre un financeur s'avère cette
fois-ci plus difficile car, dit-elle, elle avait
“déjà un métier". L'Afdas − l'Opca de la
branche spectacle − lui ayant néanmoins
accordé un congé individuel de formation
à sa deuxième demande, elle rejoint
l'Afpa pour passer un brevet professionnel
en floriculture. Objectif : s'installer à
son compte dans une propriété qu'elle
a acquise dans le sud de la France.

Comme lors de son passage au Gréta, elle
apprécie l'équipe pédagogique mais se
souvient encore du tout récent passage
aux 35 heures qui aurait quelque peu
désorganisé sa formation… Plus grave,
la greffe ne prend pas et le projet de
reconversion est bientôt abandonné.

Retour dans le décor, mais, signe des temps,
cette fois-ci dans la publicité et le cinéma.
Embauchée au gré des productions par un
chef constructeur, la voici repartie pour treize
ans d'intermittence. Secteur frappé de plein
fouet par la crise, Marie-Josée Bergamasco
en subit aujourd'hui les conséquences.
Sans emploi depuis bientôt un an et devant
des annulations de projets qui se succèdent,
elle envisage une seconde reconversion.
Problème : sa conseillère Afdas a beau
l'avoir “re-boostée", elle lui a aussi fait
savoir qu'en raison de l'abandon de son
premier projet, son congé formation lui
serait sans doute refusé. “À 59 ans, je ne
chercherais pas à faire autre chose s'il y
avait encore du travail dans mon domaine",
commente-t-elle. À défaut de se former à
nouveau, une idée la traverse : “Et pourquoi
ne pas devenir formatrice ?"

1978 1982 2001 2015
Deug d'allemand CAP de menuisier
d'agencement (Gréta)
brevet professionnel
de floriculture (Afpa)
titre de monteur cinéma ?