Pacte de responsabilité - Comment cibler l'effort de formation vers les moins qualifiés ?

Par - Le 01 avril 2014.

La Fondation Terra Nova (club de
réflexion lié au parti socialiste,
et présidé par l'ancien secrétaire
général de la CFDT François
Chérèque) vient de rendre publiques
quinze propositions pour la
réussite du “pacte de responsabilité",
qui a été approuvé par trois
syndicats – CFDT, CFTC, CFE-CGC –
sur cinq (L'Inffo n° 852, p. 2).

La formation, l'“emploi de croissance",
l'investissement productif
: c'est le “trio gagnant" que le
groupe de travail [ 1 ]Composé de Paul Beretti, PDG
d'Altedia, Gilbert Ceste, professeur
d'économie à l'Université d'Aix-Marseille,
David Cousquer, économiste, Vincent
Guibert, PDG d'ACDE Conseil, Bruno
Palier, chercheur au CNRS, Xavier
de Yturbe, consultant RH, et Thierry
Pech, directeur général de Terra Nova,
sous la coordination de Martin Richer,
coordinateur de son pôle affaires sociales.
a défini. Côté
formation, c'est, sans surprise, en
direction des salariés les moins
qualifiés que le laboratoire d'idées
suggère de flécher prioritairement
les fonds. Pour des raisons
éthiques, en premier lieu, puisque
“la formation professionnelle, qui
devrait constituer une seconde
chance pour les moins qualifiés,
est davantage utilisée pour adapter
au changement les salariés les
plus diplômés". Et de s'appuyer sur
les conclusions du rapport 2014
de l'Observatoire des inégalités,
notant qu'en 2012, seuls 25 % des
salariés titulaires d'aucun diplôme
de l'enseignement initial avaient
bénéficié d'actions de formation,
contre 66 % des bac + 3, 68 %
des cadres supérieurs et 61 % des
professions libérales. À l'inverse,
seuls 37 % des ouvriers et 43 %
des employés avaient pu, dans le
même temps, accéder à la formation
continue.

Responsabilité
et compétitivité
se rencontrent


À cela s'ajoute, rappelle Terra
Nova, le besoin de sécurisation des
parcours professionnels. “Le pacte
de responsabilité doit construire
les compétences et développer
l'employabilité, c'est un objectif
majeur de compétitivité", souligne
l'étude, qui se base sur les chiffres
de l'OCDE, faisant remarquer “qu'en
France plus qu'ailleurs, l'absence
de diplôme est un marqueur à vie",
générateur d'inégalités, d'exclusion
sociale et synonyme de stagnation,
voire de baisse des revenus, contribuant
au maintien de trappes à bas
salaires. Des salariés aux basses
qualifications pour lesquels la fondation
imagine un abondement
particulier du CPF, estimant insuffisantes
les 150 heures prévues par
la loi du 5 mars 2014, “décalées par
rapport eux exigeantes d'une formation
qui nécessite entre 700 et
1 200 heures".

Une suggestion que la fondation tire
du rapport “Réussir les transitions",
publié le 27 janvier par le Collectif
des présidents pour l'amélioration
de la formation professionnelle.
À cet effet, Terra Nova considère
que “l'intensité de cet effort supplémentaire
en formation" devrait se
voir défini dans l'accord d'entreprise
– ou de branche – relatif au pacte de
responsabilité. Un impératif, selon le
club de réflexion afin d'encourager
la transition vers l'économie de la
connaissance “sans laisser les moins
qualifiés au bord du chemin".

Notes   [ + ]

1. Composé de Paul Beretti, PDG
d'Altedia, Gilbert Ceste, professeur
d'économie à l'Université d'Aix-Marseille,
David Cousquer, économiste, Vincent
Guibert, PDG d'ACDE Conseil, Bruno
Palier, chercheur au CNRS, Xavier
de Yturbe, consultant RH, et Thierry
Pech, directeur général de Terra Nova,
sous la coordination de Martin Richer,
coordinateur de son pôle affaires sociales.