Questions à Pascal Colin, directeur général de l'association Initiatives

Par - Le 01 mai 2014.

“Notre culture : la recherche-action"

Y a-t-il urgence à former
les acteurs de l'économie
sociale et solidaire ?


Les finances publiques étant
en crise, un nouveau modèle
économique est à penser.
Les réponses doivent être
en prise avec le réel. Il faut
former des acteurs volontaires,
capables de porter des
mutations stratégiques là où
elles s'imposent. Ils doivent
maîtriser les mécanismes
d'audit des besoins et
potentiels d'un territoire,
ils ont besoin d'outils pour
développer des activités à partir de mutations
stratégiques ou de projets innovants d'une
entreprise, d'un établissement ou d'un service :
statuts, fiscalité ou mode de gouvernance.
Il est ainsi possible d'évaluer l'activité solidaire
et sociale de l'entreprise selon un “indice
de développement social", concernant les
personnels en même temps que les clients
ou bénéficiaires, en relation avec les acteurs
politiques territoriaux et nationaux, voire
internationaux.

C'est l'esprit de la création de cette faculté
dédiée à l'ESS ?


Oui, il est important que la professionnalisation
des acteurs associatifs soit portée par des
personnes qui viennent du terrain et qui
s'adressent aux acteurs du terrain. Il s'agit
de faire se rencontrer ces véritables témoins
des changements. Il faut qu'ils théorisent et
modélisent leurs pratiques, pour les rendre
transférables. L'esprit est celui d'une culture
de la recherche-action : partir de l'action de
terrain, la réfléchir, la modéliser. Toujours en
complémentarité avec celles des autres acteurs.

Des stages ouverts au compte personnel
de formation ?


Nous travaillons à la mise en place de
formations modulaires. Aujourd'hui, personne
ne trouve le temps pour des formations
longues, d'un an ou plus, parallèlement à
la vie professionnelle. Il nous faut intégrer
une formation permettant à chacun, selon
son rythme, de prendre le temps de suivre
l'ensemble des modules qui lui permettront
d'obtenir une qualification. Des modules de
150 heures qui se succèdent sur plusieurs
années peuvent permettre d'atteindre ses
objectifs. Nous partons des compétences,
nous les faisons reconnaître et les valorisons,
les améliorons. Nous partons de la personne
pour la faire progresser, plutôt que pour la
conduire vers un diplôme théorique. Les
formations proposées par la Flepes ne mènent
vers un parchemin, mais plutôt vers une
professionnalisation. C'est important de le
préciser !

Propos recueillis par Knock Billy

INITIATIVES

Initiatives est devenu un établissement
médico-social, support d'un institut de
formation aux métiers d'aide à la personne
(9 000 personnes formées aux métiers
médico-sociaux dans ses locaux de Paris
et Montpellier). En 2013, avec le Réseau
national de l'économie sociale et solidaire
(Reness), dont Pascal Colin est également
président, Initiatives est à l'origine de
la création de la Faculté Libre d'études
politiques dédiée à l'économie sociale et
solidaire.