Réforme - Travailler sur la “reconnaissance de la qualification"

Par - Le 01 avril 2014.

Une réforme structurante mais
qui aurait pu aller plus loin. C'est
l'avis de Stéphane Lardy, secrétaire
confédéral en charge de
l'emploi et de la formation professionnelle
à Force ouvrière. Dans
un entretien accordé à L'Inffo le
17 mars, il revient sur les grandes
lignes de la réforme et confie son
sentiment sur la transposition de
l'Ani du 14 décembre 2013. Ainsi
que sur les perspectives qu'offre
la loi votée par le Parlement.

“La transposition d'une loi formation
est un exercice compliqué.
Mais dans ce cas elle est plutôt
conforme à l'esprit de l'Ani." Pas
de déception affichée par le secrétaire
confédéral de FO. Cependant,
quelques points mériteraient, à
son sens, des améliorations. “Le
législateur aurait pu insister un
peu plus et apporter davantage
de précisions sur la reconnaissance
de la qualification." L'Ani
prévoyait un volet reconnaissance
de la qualification, au-delà de la
reconnaissance des compétences.
En effet, l'article 4 de l'accord
spécifiait que “les actions en
développement des compétences
des salariés doivent participer à
l'évolution de leur qualification et
donner lieu à une reconnaissance
par l'entreprise". Un des chevaux
de bataille du syndicat qui, selon
le secrétaire confédéral, ne se
retrouve pas dans la loi telle que
votée par le Parlement.

S'il pointe le manque de précision
du législateur, il admet la nécessité
de faire évoluer le compte
personnel de formation vers une
reconnaissance dans les grilles
de qualification. “Le CPF est un
objet d'élévation de la qualification.
Reste à lui donner les moyens
de ses ambitions." Et d'ajouter : “Il
faudra sans doute y travailler lors
des négociations avec les branches
et dans les décrets."

Pour le rapprochement
entre le Cif et le CPF


“Les entreprises se sont trop longtemps
cachées derrière le 0,9 %
pour affirmer que leur obligation de
former était remplie. Aujourd'hui,
grâce à la suppression de cette
obligation fiscale, va ressortir
l'obligation juridique de former."
Un véritable avantage au bénéfice
des salariés, selon Stéphane Lardy.
En effet, l'entretien professionnel1
prévu par la loi vient faire peser
une responsabilité plus grande
sur l'entreprise en matière de formation,
en introduisant l'idée d'un
contrôle a posteriori et en déplaçant
le contentieux vers le terrain
prud'homal. L'obligation est donc
étendue bien au-delà de la simple
dépense.

“Avec le CPF, on signale au salarié
qu'il a quelque chose à dire sur la
qualité de son travail." Une véritable
avancée, pour Stéphane Lardy, par
rapport au Dif. Dorénavant, le salarié
pourra mobiliser son compte directement,
sans autorisation de son
employeur − hors de celle relative
aux absences pour les formations
se déroulant pendant les heures de
travail. S'il reconnaît que le CPF est
un véritable aboutissement par rapport
au Dif, le secrétaire confédéral
juge toutefois que le législateur n'a
pas doté le compte de suffisamment
de moyens : “Les 150 heures ne
sont évidemment pas suffisantes. Si
ça ne tenait qu'à moi, il aurait été
abondé de 800 heures !"

Un regret qui ne l'empêche pas
de constater qu'un rapprochement
entre le Cif et le CPF a été initié.
Pourquoi pas alors une fusion avec
le congé individuel de formation ?
“Il est encore trop tôt, mais c'est
ce vers quoi nous voulons aller."