Vers une nouvelle certification pour reconnaître l'expertise des formateurs en APP

“Cette démarche répond à une quête de sens et à un besoin d'outillage des formateurs, dans un contexte où ce métier connaît des problèmes d'attractivité et de recrutement", énonce Laurence Martin, déléguée nationale de l'APapp (Association pour la promotion du label APP). La nouvelle certification de “formateur facilitateur d'apprentissage" (dont le dossier d'enregistrement est en cours d'instruction à France compétences) a été conçue pour reconnaître l'expertise du formateur en APP. Elle a été pensée comme une certification “miroir" de celle d'“apprenant agile", qui existait déjà. Car développer l'apprendre à apprendre" nécessite “une expertise et une posture particulières du formateur, qui pour l'instant n'est reconnue par aucune certification", explique Laurence Martin.  

Quelle est cette expertise particulière ? “Le formateur facilitateur sait donner confiance aux apprenants les plus éloignés de la formation, trouver leurs centres d'intérêt, lever les freins à l'apprentissage, détaille la déléguée nationale. Il suscite leur adhésion, les aide à identifier leurs compétences et celles qui leur manquent. Il sait créer un environnement bienveillant et apprenant, où les membres du groupe se nourrissent les uns les autres."  

Pour construire le référentiel, l'APapp s'est donc appuyée sur celui de la certification “Apprenant agile" et sur le contenu d'une POEC montée en Normandie pour recruter des formateurs APP. “Nous avions élaboré un parcours de formation en alternance à partir de notre catalogue de formation APP, explique Laurence Martin. Il s'agissait d'un parcours complémentaire au titre de formateur pour adulte, axé sur la créativité pédagogique et sur la posture de facilitateur."  

Référentiel de la certification 

Le référentiel de la certification de “formateur facilitateur" comporte quatre grands champs de compétences. 

• Le premier recouvre la “co-construction du parcours avec l'apprenant", afin que celui-ci prenne son parcours en main. Cela implique une posture d'écoute active, pour être “en appui, poser les bonnes questions, lever les blocages". Et nécessite d'instaurer un climat bienveillant et de valorisation. “Nous les mettons en confiance et nous valorisons des compétences dont ils n'ont même pas conscience", rapporte Fanny Doerr, gérante de Gipfi Scop (APP Strasbourg Sud).
• La deuxième exigence est de développer l'autonomie de l'apprenant. Le formateur n'est plus un modèle, mais un facilitateur : “Au début, j'avais une posture de sachant ; aujourd'hui, je m'efface pour leur laisser la place. En bureautique, mon but n'est pas seulement qu'ils sachent écrire un CV, mais qu'ils puissent être autonomes et s'adapter à de nouvelles situations", témoignait Frédéric Ochsenbein, également formateur à l'APP Gipfi Scop, lors d'une journée d'étude de l'APapp.
• Le troisième axe est de savoir animer le collectif, de favoriser l'apprentissage entre pairs et la capacité à travailler en équipe. “Chez nous, la formation commence par un parcours découverte : les apprenants doivent chercher des informations sur le centre de formation. Cela les amène à rencontrer le personnel, discuter, échanger entre eux, s'entraider. On les met d'emblée dans une situation proche de l'autoformation accompagnée", explique Frédéric Ochsenbein.
• Le dernier champ de compétences est de savoir travailler en équipe entre formateurs. À Gipfi Scop, le jeudi après-midi y est consacré. “Cela permet un vrai travail d'équipe et une cohérence des interventions. C'est comme si nous étions nous-mêmes en ateliers d'autoformation. Cela nous fait gagner en qualité et en innovation", rapporte la gérante.  

Des branches intéressées 

L'objectif de l'APapp est de proposer cette certification non seulement aux formateurs APP, mais aussi aux branches professionnelles, aux conseillers en évolution professionnelle, aux référents de parcours VAE. “Elle peut servir à une grande diversité d'acteurs, car le changement de posture est devenu un incontournable du métier de formateur", estime Laurence Martin.  

La branche de la propreté, concernée par des problématiques d'illettrisme, d'analphabétisme et de français langue étrangère, est déjà intéressée. “Nos salariés passent tous la certification de branche Maîtrise des compétences-clés de la propreté, et nous souhaiterions que leurs formateurs adoptent la posture de facilitateur proposée par l'APapp", explique Charlotte Lefèbvre, secrétaire générale de OC Propreté, organisme certificateur de la branche. Elle serait aussi utile pour les formateurs de publics en situation d'illettrisme, estime l'ANLCI.  

L'APapp n'a pas défini de parcours-type pour obtenir la certification : “Cela dépendra de l'expérience du candidat. S'il exerce déjà en APP, il pourra valider la plupart des items. Sinon, il devra suivre une formation plus longue", indique Laurence Martin. L'APapp proposera des modules ou construira le parcours avec les branches intéressées.  

Elle attend maintenant le retour de France compétences, où la certification a été déposée en janvier 2024 pour une inscription au répertoire spécifique. Et va redéposer la certification “Apprenant agile", qui en est sortie depuis 2022.