La Suisse à l'heure du tutorat

“Formateur en entreprise" a succédé à “maître d'apprentissage", glissement sémantique pour illustrer l'importance du rôle que l'encadrement doit désormais tenir auprès des apprentis. En Suisse, les formateurs en entreprise doivent être formés et certifiés. Tous les acteurs se déclarent satisfaits du dispositif, même s'ils admettent qu'il reste encore beaucoup à faire.

Par - Le 01 octobre 2008.

En Suisse, les autorités cantonales vérifient que les sociétés présentent des conditions de formation et de travail adéquates, dont un formateur en entreprise certifié, avant de les autoriser à engager des apprentis. Les formateurs en entreprise suisses sont soutenus par de nombreux outils, dont un guide méthodologique permettant de mieux comprendre et de mieux encadrer l'apprenti.

Les règlements sur le travail des stagiaires et les conditions de formation sont clairement définis dans un contrat spécifique reprenant les sessions d'évaluation programmées (au moins une par semestre) et dont le formateur en entreprise est responsable. Il existe un système d'assurance de qualité pour le tutorat et toute formation en entreprise implique un accompagnement régulier du jeune, incluant la rédaction de rapports par les formateurs d'entreprise et de “journaux de bord" par les stagiaires, ainsi que des sessions consacrées à la réflexion sur la formation des apprentis.

Les contrats de formation signés par l'entreprise et l'apprenti mentionnent le nom du “coordinateur éducatif". Toutefois, il arrive souvent que le formateur en entreprise agisse en tant que superviseur et implique d'autres personnes qui n'ont aucune formation spécifique dans l'accompagnement des apprentis.
Tous les acteurs sont globalement satisfaits du dispositif. Pourtant, un débat est engagé depuis quelques années sur les limites du système dual, semblable dans sa forme à celui qui existe en Allemagne. La croissance des réseaux de sous-traitants limite les possibilités d'apprentissage. La situation économique entraine une diminution des “placements de formation" des jeunes, qui de surcroît sont de plus en plus en “concurrence" avec des apprentis adultes. Les guides méthodologiques des formateurs d'entreprise ne tiennent pas compte, par exemple, des aspects liés à la reconnaissance de l'expérience préalable ou des particularités de l'éducation des adultes, ou encore des spécificités culturelles (puisque la plupart des travailleurs recrutés par les firmes viennent de l'étranger).

Au niveau fédéral, un parcours sera prochainement mis en place pour permettre aux formateurs en entreprise d'obtenir des qualifications supplémentaires au-delà des 40 heures de formation obligatoires, et qui seront certifiées.

“Une relation positive", c'est l'avis des adultes en formation en Suisse lors des entretiens d'enquête sur leurs relations avec leur formateur d'entreprise. Les dispositifs de gestion et d'organisation du travail sont particulièrement appréciés. Beaucoup de réponses soulignent l'importance des qualités humaines du formateur : “patient", “plaisant". Pour le formateur d'entreprise, il est essentiel de trouver un peu plus de temps pour l'apprenti, d'analyser et d'approfondir la situation de travail et les problèmes éventuels. Les apprentis jugent le soutien offert par les formateurs satisfaisant, et beaucoup estiment qu'ils “volent" le savoir-faire réel plus qu'ils ne l'apprennent. Les formateurs pensent qu'une liaison directe entre la pratique sur le chantier et la partie théorique dispensée en école professionnelle serait un bon moyen de coopération. Mais le temps disponible reste un obstacle.