Le tuteur, modèle suédois

Particularité du système suédois : l'apprentissage, en tant que système de formation professionnel, se déroule entièrement en entreprise. D'où une reconnaissance plus grande que dans d'autres pays de l'“instructeur" : un tuteur est obligatoirement désigné pour chaque apprenti et chaque entreprise formatrice doit nommer une personne responsable de l'enseignement professionnel.

Par - Le 01 octobre 2008.

Il existe deux types d'instructeurs en Suède : ceux qui travaillent dans les écoles (employés par les municipalités) et ceux qui exercent dans des entreprises. Il peut s'agir de la même personne, qui travaille pour des agences différentes. Autre particularité, la nature du tutorat d'entreprise varie s'il s'agit d'un élève envoyé par une école ou d'un apprenti employé par l'entreprise après le cursus scolaire. “Le système d'apprentissage est différent de celui des autres pays", explique Michael Gustafsson, conseiller en formation et responsable des relations internationales, à BYN (Byggnadsindustrins Yrkesnämnd)[ 1 ]http://www.byn.se, structure professionnelle paritaire et partenaire de CoPilote, qui défend les intérêts de seize métiers de la construction liés par une même convention collective. “70 % des apprentis vont d'abord au lycée professionnel pendant trois ans, et ils effectuent des stages en entreprise, tout en ayant un statut d'élève. Puis, ils passent deux ans et demi uniquement dans l'entreprise, où ils ont un statut d'apprenti, bénéficient d'un contrat de travail spécifique et sont rémunérés", précise-t-il.

Pour le jeune sous statut scolaire, c'est l'école qui définit les programmes de formation à appliquer par le tuteur dans l'entreprise. “Nous devons nous assurer qu'il y a bien un tuteur dans chaque entreprise où il y a un apprenant, veiller à la qualité de la formation dans les écoles ou les centres de formation et apporter notre soutien aux entreprises", souligne Michael Gustafsson. Un système de soutien (formation, informations, etc.) pour les tuteurs est actuellement développé par le BYN, mais certaines grandes entreprises forment également leurs propres tuteurs. “Être instructeur (tuteur) ne confère actuellement pas de statut spécial et n'ouvre pas droit à une rémunération spécifique. Tout est basé sur la motivation de l'instructeur et la récompense que représente le développement de l'apprenti, plus la collaboration quotidienne." Parmi les améliorations à apporter à la formation des tuteurs, il relève un cadre méthodologique “assez flexible pour être utilisé dans les différentes professions et dans les différents types d'entreprises", et considère que le référentiel créé dans le cadre de CoPilote va faciliter ce travail.

Les organisations professionnelles font partie des conseils de formation de chaque école et influencent les programmes d'apprentissage du métier. De même, la profession participe à l'orientation professionnelle, en aidant les jeunes à choisir un métier dans le secteur de la construction, particulièrement via des comités professionnels régionaux appelés RYK (Regionala Yrkeskommitteer), coordonnés par le BYN. “La construction ne peut pas accueillir tous les candidats, faute de places suffisantes. En fonction de leurs notes, les jeunes choisissent leur secteur d'activité", précise le conseiller de BYN.

Michael Gustafsson a beaucoup “appris sur le fonctionnement du tutorat en Europe" en participant à CoPilote, et il a été particulièrement intéressé par les pratiques et les outils mis en œuvre en Allemagne. Il se félicite de cette coopération et souhaite qu'elle permette, entre autres, “d'augmenter les échanges de tuteurs en Europe".

[(“Un bon professionnel et un ami honnête"

“L'instructeur – c'est le nom attribué au formateur d'entreprise en Suède – est le modèle de l'apprenti. Il l'observe parce que celui-ci est un bon professionnel et un ami honnête", révèle l'enquête sur la perception du tuteur d'entreprise réalisée en Suède.

Certaines caractéristiques font l'unanimité : le bon instructeur a une longue expérience professionnelle, est compétent sur le plan professionnel, calme, patient, et a le temps de partager son savoir. Il aime travailler avec des jeunes. Il manifeste son appréciation lorsque l'apprenti a bien travaillé, mais formule également des critiques constructives si nécessaire. Les avis sont partagés sur ce que doit faire l'instructeur. Les uns insistent sur le savoir-faire pratique, tandis que pour d'autres jeunes, la responsabilité sociale vis-à-vis de l'apprenti est l'élément le plus important.
En général, le rôle de l'instructeur est défini comme suit :

  •  planifier le temps de l'apprenti de façon à lui faire réaliser des tâches variées et acquérir l'expérience la plus vaste possible durant sa période d'apprentissage ;
  •  montrer à l'apprenti comment réaliser les différentes tâches, et être disponible si ce dernier a des questions ; sachant que l'apprenti doit aussi apprendre à travailler de manière autonome et à résoudre lui-même ses problèmes ;
  •  expliquer clairement le rôle de l'apprenti aux autres collègues, et ce que l'on attend de lui ;
  •  apprendre à l'apprenti les règles informelles applicables sur le chantier ;
  • être un “modèle" ;
  •  veiller à ce que l'apprenti soit accepté et devienne membre du groupe.
    )]

Notes   [ + ]

1. http://www.byn.se