Entretien avec Gérard Huot, président de la Faculté des métiers d'Évry

Gérard Huot (1) présente ici les spécificités de la Faculté des métiers d'Évry qu'il préside, insiste sur l'importance de sa proximité avec les jeunes et les entreprises et analyse les clefs de son succès.

Par - Le 16 janvier 2010.

Comment est née la FDM et comment s'inscrit-elle dans le contexte local ?

Le nom de “Faculté des métiers" a été retenu pour repositionner et valoriser l'image de l'apprentissage. Sur un même lieu cohabitent des formations pour l'artisanat, le tertiaire et l'industrie. On essaie de briser les frontières entre ces secteurs, car pour être équilibré, le développement économique doit comprendre ces trois composantes. Si nous voulons développer le concept de “formation tout au long de la vie", il faut réunir les catégories de publics et les domaines d'activités.

La FDM a bénéficié d'une expertise pédagogique de la Chambre de métiers et de la Chambre de commerce. Les formateurs de CFA et ceux qui dispensent la formation continue ont des cultures différentes et c'est ce “melting pot" qui fait une des richesses de la FDM.

Nous sommes très impliqués dans l'insertion et la formation répondant aux besoins d'employabilité des jeunes et de cohésion territoriale. Nous souhaitons absolument adapter notre carte de formations aux demandes du marché. 80 % de nos apprentis sont des essonniens, ce qui correspond à notre réponse de proximité et notre engagement sociétal.

La proximité est aussi nécessaire avec les entreprises. Je rencontre encore beaucoup trop d'entreprises qui ne connaissent pas l'apprentissage. C'est la cinquième année que nous réalisons une campagne d'information auprès des chefs d'entreprises. De 9 % des sociétés qui accueillaient des apprentis, on est passé à 17 % aujourd'hui. Un objectif auquel je suis attaché est d'être de plus en plus intégré dans le tissu économique local et d'atteindre 25 %. Nous incitons également les collectivités territoriales et les intercommunalités à prendre des apprentis. Cette année, la crise a conduit pour la première fois à une baisse - de l'ordre de10 % sur l'ensemble du département - à la fois du nombre d'entreprises qui accueillent des apprentis et du nombre d'apprentis par entreprise. Cette réduction est très différenciée selon les secteurs ; la métallurgie, le tertiaire et l'immobilier sont les plus touchés alors que l'artisanat manque de candidats.

Quelles sont, selon vous, les clefs du succès ?

Souvent, les jeunes des quartiers ne connaissent pas les codes de la vie professionnelle, et ce n'est pas le rôle de l'entreprise de leur donner. Douze collaborateurs à la FDM sont chargés des relations avec les entreprises.
Il est essentiel d'aider et accompagner ces jeunes lorsqu'ils se présentent dans une entreprise. Leur mission est de les préparer à rechercher une entreprise et de convaincre celle-ci que la FDM fera tous les efforts nécessaires pour que l'intégration du jeune soit facilitée. Notre principal argument est qu'un apprenti, c'est un investissement pour l'entreprise. C'est l'assurance pour elle d'avoir un personnel formé à la culture de l'entreprise, et elle court donc beaucoup moins de risque qu'avec un recrutement classique. Le jeune a, lui aussi, tout à gagner à l'apprentissage. Il sortira sur le marché du travail avec deux ou trois ans d'expérience qu'il pourra valoriser sur son CV. C'est la durée demandée par la plupart des entreprises.

Par ailleurs, nous développons l'ouverture sur l'international : il n'y a pas de raison que seuls les élèves des grandes écoles en bénéficient. Le futur territoire des jeunes et les besoins des entreprises d'aujourd'hui, c'est l'Europe. Il ne faut pas qu'il y ait des discriminations sociales, mais aussi culturelles. On voit qu'un voyage à l'étranger provoque un déclic chez les jeunes : ils veulent apprendre la langue.

(1) Gérard Huot est aussi président de la CCI de l'Essonne et dirige l'entreprise AMI Fonderie à Igny (91)