L'Adapt : la question de l'“opérationnalité" du dispositif

Par - Le 01 mai 2010.

Le 12 février dernier, L'Adapt (Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) alertait quant à “l'urgence" d'apporter “des améliorations concertées au dispositif des MDPH". Éric Blanchet, directeur général de L'Adapt, nous explique pourquoi.
La création des MDPH par la loi du 11 février 2005 a incontestablement été un grand pas en avant et demeure globalement une véritable avancée et une véritable reconnaissance des besoins des personnes handicapées, assure-t-il. L'idée de départ reste géniale." Mais ? “La construction du dispositif des MDPH n'est pas totalement finie par rapport à l'idée de départ du guichet unique. Aujourd'hui encore, dans certaines MDPH, le public handicapé est malheureusement confronté à une complexité de réponses délivrées par des interlocuteurs éparses. Il faut revenir au fond, le sens de la loi de 2005, c'était bien de faciliter la vie des personnes handicapées par un guichet unique capable d'informer, d'orienter et d'accompagner", souligne-t-il.

Réagissant à la proposition de loi sénatoriale du 22 décembre 2009 portant amélioration des MDPH, Éric Blanchet approuve l'initiative, jugée “assez représentative de la position de L'Adapt : nous constatons de gros écarts d'une MDPH à l'autre avec, dans certains cas, des situations dramatiques en termes de délai de traitement des dossiers", qui rappellent selon lui les carences des anciennes Cotorep. Et de s'indigner : “Il arrive encore que l'on ait des établissements qui n'arrivent pas à remplir leurs sessions, alors que des personnes dont les besoins ont été identifiés ne peuvent être pris en charge du fait de la lenteur de traitement des dossiers."
D'où l'intérêt pour l'initiative sénatoriale qui pose, selon le directeur général de L'Adapt, les bonnes questions. Parmi celles-ci, Éric Blanchet évoque d'abord la question des statuts multiples des personnels MDPH, qui gêne “l'opérationnalité" du dispositif et entraîne des problèmes de professionnalisation : “Les frontières du handicap bougent et s'élargissent à des pathologies nouvelles où la notion de handicap social est de plus en plus présente", ce qui nécessite une “excellente connaissance du secteur" de la part des intervenants, souligne-t-il. Autre point d'accord avec les sénateurs, l'appel à une plus grande cohérence du système : “Agefiph, FIPHFP, Pôle emploi, Cap emploi, etc., beaucoup d'acteurs traitent du handicap. Il y a un manque de structuration et de coordination qui entraîne un manque de vision d'ensemble, même si, reconnaît-il, chacun essaie de bien faire son travail". Que faire ? “La négociation de contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens semble être un excellent outil pour mettre les acteurs autour de la table afin de traiter, au cas par cas, le fonctionnement des MDPH locales. Dans certaines régions, certaines MDPH fonctionnent, d'autres non, il faut un plan d'action maison par maison", conclut Éric Blanchet.