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“L'entreprise doit avoir une vision de l'apprentissage"

Par - Le 16 janvier 2010.

photo_groupe_B-_Demange.jpg“Avec l'apprentissage, on est sûr du résultat, quel que soit le métier." Bernard Demange est un adepte convaincu de l'apprentissage. Ce chef d'entreprise a lui-même commencé sa carrière professionnelle par cette voie et aujourd'hui, il dirige une entreprise à Vigneux-sur-Seine (91) qui emploie vingt-cinq personnes dans le secteur automobile : vente, réparation, carrosserie, pièces détachées.

Il estime l'apprentissage nécessaire “parce qu'il permet à un jeune de découvrir le monde du travail et d'être formé par des personnes qui ont l'esprit métier". Il regrette que l'apprentissage ne soit pas assez reconnu : “On ne dit pas assez qu'un boucher gagne bien sa vie." L'essentiel pour la réussite du jeune, considère-t-il, est la motivation : celui-ci doit comprendre qu'il commence certes en bas de l'échelle, mais qu'il pourra évoluer dans sa profession.

L'importance du respect mutuel
Pour lui, l'entreprise doit aussi “avoir une vision de l'apprentissage". Il considère que l'entreprise doit s'adapter aux évolutions des jeunes : ils sont plus indépendants, ont tendance à contester systématiquement, au début. “Il faut être convaincant !" L'entreprise doit accompagner la période d'adaptation au début du contrat d'apprentissage.

Neuf fois sur dix, le jeune ne comprend pas qu'il faut respecter les horaires, et il faut lui expliquer le problème que posent ses retards à l'entreprise et aux autres salariés. Pour aider le jeune à appliquer les règles de sécurité, il faut lui montrer les risques que son non-respect lui fait courir, ainsi qu'aux autres. Autres difficultés souvent rencontrées : la tenue vestimentaire ou le langage des jeunes avec les clients ou les autres salariés. Il relève encore que beaucoup ont des difficultés avec l'écrit.

Là aussi l'entreprise doit prendre le temps nécessaire pour expliquer les codes appliqués au travail ou apprendre à rédiger des lettres commerciales.
Mais, insiste le chef d'entreprise, il faut aussi respecter le jeune : il doit être considéré comme une personne à part entière et ne pas être cantonné aux tâches subalternes. Si les problèmes sont importants, Bernard Demange rencontre les parents pour que tous les adultes travaillent dans le même sens. Il existe aussi un carnet de liaison entre l'entreprise et la Faculté des métiers, mais “les outils ne font pas tout", et il estime les visites indispensables.

Les clés de la motivation

Le rôle du maître d'apprentissage est essentiel. Il faut que la personne aime son métier, pour faire en découvrir l'intérêt au jeune, partager son plaisir à l'exercer. Il doit montrer que lui-même a évolué et se passionne toujours pour son activité. Lui aussi tire bénéfice de rôle. Il développe une nouvelle compréhension du métier qu'il doit réexpliquer à quelqu'un, mais en partant de zéro. Il doit accepter une charge de travail supplémentaire et savoir établir avec le jeune des rapports différents de ceux qu'il entretient avec son équipe. Cette fonction améliore ses pratiques de manager : il explique plus précisément ses attentes à son équipe, il apprend à prendre du recul et à formaliser ses pratiques.

Pour Bernard Demange, “on ne peut pas confier cette tâche à n'importe qui". La personne doit être volontaire, se sentir reconnue comme un bon professionnel qui voit ainsi son savoir-faire valorisé.