Le BTP : un secteur “structurellement" en tension

Fortement consommateur de main-d'œuvre qualifiée, le bâtiment et les travaux publics (BTP) sont structurellement en tension. Or, il s'agit d'un secteur clé de l'économie nationale, avec un chiffre d'affaires de 180 milliards d'euros (en 2008) et 400 000 entreprises qui emploient 1 850 000 personnes, réparties sur tout le territoire.

Ces tensions sur le marché du travail subsistent malgré un nombre important de personnes en formation professionnelle : 510 000 en 2008, dont 282 000 en formation continue et 228 000 en formation initiale. Parmi celles-ci, 75 000 jeunes sont en apprentissage dans un des 103 CFA conventionnés du réseau CCCA-BTP (Comité de concertation et de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics) ^{[ 1 ]}Créé voici plus de soixante ans, le CCCA-BTP est l'organisme national, professionnel et paritaire chargé de mettre en œuvre et de coordonner la politique d'apprentissage de la branche..

Alors pourquoi ces tensions ? “Jusque dans les années 1980, le secteur du BTP souffrait d'une absence de jeunes et d'une absence de filière structurée, l'essentiel des formations étant orientées soit niveau V, soit niveau I", explique Jacques Vuthan, directeur des études du CCCA-BTP. S'appuyant sur les résultats des observatoires prospectifs de l'emploi et de la formation du BTP mis en place dans toutes les régions, les professionnels ont alors engagé une politique de renouvellement de main-d'œuvre tant quantitative (apport de jeunes de moins de 25 ans) que qualitative (élargissement des filières de formation, aux niveaux IV, III et II), afin de répondre plus précisément aux besoins des entreprises. “Aujourd'hui, ce travail porte ses fruits et la proportion des moins de 25 ans est passée de 5 à 15 %, répartis sur tous les niveaux, se félicite Jacques Vuthan.

Les besoins restent cependant très importants et, nouvelle difficulté, le BTP est à présent confronté à l'évolution des matériaux." Les entreprises du BTP sont assez souvent des TPE et PME, et la transformation des métiers a “généré des besoins de compétences nouvelles, en particulier en couverture, plomberie-chauffage ou en menuiserie", précise-t-il.