Rencontre nationale du Forum permanent des pratiques de l'ANLCI : “Du slogan à l'action"

Par - Le 01 juin 2010.

Du 5 au 7 mai, près de 800 personnes ont participé à la rencontre nationale du Forum permanent des pratiques de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) à Lyon (cf. L'Inffo n° 768, pp. 7 et 23).

Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l'ANLCI, a retracé les grandes étapes qui ont marqué les travaux de l'Agence depuis sa création en 2001 : définition partagée par l'ensemble des acteurs de l'illettrisme, à distinguer de l'“analphabétisme" (qui concerne les personnes qui n'ont jamais été scolarisées) et du “français langue étrangère" (personnes qui n'ont jamais appris le français). “Être confronté à l'illettrisme, c'est ne pas maîtriser la lecture, l'écriture ou le calcul dans des situations courantes de la vie quotidienne (faire un chèque, lire une consigne de travail ou de sécurité, calculer des quantités, retirer seul de l'argent d'un distributeur, etc.), après avoir été pourtant été scolarisé dans notre pays", a-t-elle expliqué. Elle a souligné que pour la première fois en 2004-2005 a été introduit, dans l'enquête Insee “Information vie quotidienne des Français" [ 1 ]Enquête qui portait sur un échantillon de 10 000 personnes. , le module de mesure réalisé par l'ANLCI pour évaluer l'illettrisme. L'Agence a ensuite analysé en détail ces résultats pour définir les caractéristiques des personnes confrontées à l'illettrisme : âge, emploi, lieux de résidence, langue utilisée dans l'enfance, etc.

Halte aux idées reçues

Les données obtenues ont bousculé un certain nombre de préjugés. L'âge tout d'abord : la moitié des personnes confrontées à l'illettrisme ont plus de 45 ans et le pourcentage augmente avec l'âge : si près de 5 % des 18-25 ans sont concernés, nous passons à plus de 15 % au-delà de 55 ans. Cela signifie, explique Marie-Thérèse Geffroy, que ceux qui sont mal à l'aise avec la lecture, l'écriture, le calcul dès la sortie du système scolaire voient leurs difficultés augmenter avec l'âge. “Il faut donc tout faire pour prévenir l'illettrisme dès l'enfance, voire dès la toute petite enfance, car le problème va s'accentuer tout au long de la vie si rien n'est fait". Plus de la moitié des personnes confrontées au problème vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées. 10 % seulement vivent dans les zones urbaines sensibles. Cependant, le taux d'illettrisme est de 18 % dans les Zus, contre 9 % dans la population générale. Autre a priori contredit par les chiffres : il n'y pas de lien direct entre immigration et illettrisme. Près de 80 % des personnes parlaient uniquement le français à la maison à l'âge de 5 ans. Enfin, près de 60 % des personnes exercent une activité professionnelle.

“Réunir pour mieux agir"

Ces analyses ont permis de développer des politiques plus adaptées. Des partenariats forts se sont construits entre l'Agence et, notamment, des Opca, des branches, ou encore le Fonds unique de péréquation (devenu le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels). Ils ont permis de lancer des politiques très actives dans les entreprises. Au début du mois de février 2010, une autre étape importante a été franchie avec la signature par le secrétaire d'État à l'emploi, Laurent Wauquiez, d'une convention entre Pôle emploi et l'ANLCI pour sensibiliser les conseillers du SPE au problème de l'illettrisme. Car 15 % des demandeurs d'emploi sont confrontées à l'illettrisme.

Notes   [ + ]

1. Enquête qui portait sur un échantillon de 10 000 personnes.