Trois questions à Lionel Soubeyran, président du Sicfor

Par - Le 01 février 2010.

En 1998, s'est développé une tension très forte au sein de la Chambre syndicale des formateurs-consultants (CSFC) créée en 1981, qui a conduit le bureau et une grande partie du conseil d'administration à la quitter. Ceux-ci ont lancé en 2002 le Syndicat des indépendants consultants et formateurs (Sicfor). Il compte aujourd'hui une centaine d'adhérents et ce nombre augmente de 20 % chaque année.

Lionel SoubeyranPouvez-vous définir le métier de formateur-consultant ?

Le métier de formateur-consultant indépendant existe, il a ses spécificités, mais il n'est pas stabilisé et son périmètre n'est pas arrêté. Nous sommes confrontés à une grande diversité de statuts :
des travailleurs non-salariés, des auto-entrepreneurs, ou en portage salarié, des responsables d'entreprises en SA ou SARL, comptant de un à cinq salariés, qui se sentent “noyés" dans les statistiques de la Dares. La seule constante est le caractère d'indépendant.

Aujourd'hui, de nombreuses personnes souhaitent entrer dans le métier, que ce soit des jeunes ou des cadres seniors licenciés. Le rôle du Sicfor est d'accueillir tout le monde. Nous réfléchissons à la constitution d'un pool d'anciens qui accompagneraient pendant un an ces nouveaux sur toutes les questions qui se posent au début, qu'elles soient administratives, financières ou professionnelles.

Sur quels thèmes réfléchissez-vous actuellement ?

Nous avons débuté le travail sur notre identité professionnelle et de ses frontières avec des métiers connexes. Des sociologues de l'Université de Lille-I nous accompagnent sur ces réflexions. L'objectif est la publication en 2011 d'un ouvrage intitulé Profession formateur-consultant. Autre aspect de ces travaux, la professionnalisation. Il ne s'agit pas de déterminer la bonne filière ou le bon diplôme, mais de proposer une cartographie des formations. Notre vice-présidente Danielle Rolland siège au conseil d'administration de l'Institut de certification des professionnels de la formation (ICPF) et des négociations sont largement engagées pour que nos adhérents bénéficient d'avantages financiers lorsqu'ils sont candidats à la certification. Un axe de notre réflexion porte aussi sur le profil du formateur-consultant en 2020.

Mais comment préparer les professionnels de demain ? La loi sur l'orientation et la formation qui vient d'être votée pose des exigences sur l'affichage des prestataires de formation, en particulier en termes de qualité. Comment communiquer sur nos spécificités dans ce nouveau paysage ? Il faudra absolument faire valoir notre valeur ajoutée. Nous attendons les décrets d'application, notamment nous souhaitons savoir si les formateurs et chacun des acteurs qui interviennent dans la formation devront être certifiés. Par ailleurs, le Sicfor siège désormais dans la commission de normalisation “formation professionnelle" de l'Afnor.

Quel est la place du Sicfor dans le paysage syndical de la formation ?

Nous constatons que nous ne sommes pas visibles, ou trop peu, dans le monde de la formation. L'amélioration de notre visibilité passe par des échanges avec d'autres acteurs de la formation, au premier rang desquels les commanditaires, c'est-à-dire les entreprises ou les organismes qui confient aux formateurs-consultants des prestations de sous-traitance. Nous avons rencontré la CGPME, avec laquelle nous avons des “ressemblances culturelles" et des valeurs partagées. Avec la Fédération de la formation professionnelle (FFP), nous souhaitons réfléchir à une charte de bonne conduite de sous-traitance. Une fusion avec la FCF devrait être réalisée courant 2010. D'autres contacts vont être demandés avec le Garf et le Medef.
Par ailleurs, le Sicfor a engagé des négociations avec des mutuelles pour proposer à ses adhérents des conditions privilégiées d'assurance santé et de prévoyance.

Les rendez-vous du Sicfor

Le syndicat organise régulièrement des rencontres entre ses adhérents.
Des ateliers, animés par un expert, se déroulent un samedi matin par mois, sur le modèle des “échanges de savoirs". L'accès est libre pour les adhérents et limité à deux séances pour les sympathisants.
Des journées centrées sur des problématiques liées à l'environnement administratif et réglementaire de la profession et/ou des débats d'orientation syndicale sont couplées avec un atelier à raison d'une séance par trimestre.
Des “Automnales" se déroulent chaque année sur trois jours, depuis la création du Sicfor, autour d'un thème professionnel animés par des experts extérieurs. Elles constituent un temps fort du syndicat.
Innovation : les “Assises du formateur-consultant", prévues tous les deux ans, se tiendront pour la première fois le 10 juin 2010 à la Cité des métiers de La Villette, à Paris, sur le thème “Identité, spécificités et valeur ajoutée du formateur-consultant, regards croisés". Elles permettront de confronter la représentation que les formateurs-consultants ont d'eux-mêmes avec celle que leur renverront des acteurs de la formation (commanditaires, employeurs, Opca, pouvoirs publics, sociologues, chercheurs, etc.). Sera également abordé le rôle que peut jouer le formateur-consultant pour accompagner les organisations et les personnes dans les innovations technologiques, les risques psychosociaux, ou encore les problématiques liées au développement durable.