“Travailler pour soi, échanger avec les autres, c'est travailler local, penser global"

Par - Le 01 janvier 2011.

Proposé par Le Préau-CCIP et l'Université Paris-X, le diplôme universitaire “Chef de projet - apprentissage et formation en ligne" (Cafel), explore depuis la rentrée de novembre l'usage des réseaux sociaux. Anne-Marie Husson, responsable pédagogique de la formation, explique pourquoi : “Nous ne pouvons plus fonctionner comme en 2002 - date de création de la formation. Le Cafel a toujours été source d'innovation, à la fois un lieu de formation et un lieu d'expérimentation : les outils que nous proposons à nos étudiants orientent leurs pratiques, si nous les voulons innovants, il faut que nous soyons nous-mêmes innovants."

Et de rappeler que les étudiants des promotions précédentes se sont déjà essayés à Second Life, aux wikis et aux blogs, tout en précisant que les expérimentations ne débouchent pas toujours sur des “usages pédagogiques" pérennes : “Certains outils "prennent", d'autres pas, mais l'important, c'est d'aider nos étudiants à s'inscrire en tant que chefs de projet dans le monde du e-learning 2.0, en les formant avec les outils du web d'aujourd'hui".

Quel sera l'apport du web social à la formation ? “Notre volonté, avec les réseaux sociaux, est de sortir d'un système fermé en inscrivant le Cafel dans la communauté du web, mettre en relation la formation avec les différents réseaux dans lequel s'inscrit la communauté Cafel, à commencer par les anciens élèves. Nous voulons aussi que les étudiants ne perdent pas tout ce qui a été fait une fois la formation finie. Il s'agit de leur donner l'occasion de construire des pratiques de coopération et de collaboration en ligne : qu'ils apprennent à administrer, à gérer les droits, à savoir où il est pertinent de publier leurs informations et de les partager avec qui ils veulent."

Mais attention, ouvrir le DU aux échanges en accroissant la dimension sociale n'exclut pas de cibler l'ouverture. Pour les étudiants du Cafel, le “réseau de prédilection" sera celui des “anciens élèves". À la clé, un échange gagnant où les étudiants bénéficient de l'éclairage de leurs prédécesseurs, qui restent, eux, au contact de l'innovation en découvrant les projets des générations en cours de formation. Plus qu'un annuaire, l'association des anciens élèves devient ainsi la communauté des chefs de projet apprentissage et formation en ligne, soit un véritable élément de formation tout au long de la vie. Caractéristique du DU Cafel, cette dimension communautaire devrait d'ailleurs être renforcée par deux initiatives qui viennent d'être lancées, la première visant à instituer un “système de parrainage", la seconde projetant la création d'un “observatoire du e-learning" qui s'appuiera sur la veille produite par la communauté.

Concrètement, les étudiants du Cafel bénéficient désormais d'un “personal learning environment" (PLE, “environnement d'apprentissage personnel"), lequel se distingue d'une plateforme classique par son caractère ouvert : “Chacun travaille sur son PLE et décide d'ouvrir, ou non, ses travaux : nous souhaitons qu'ils travaillent localement, avec une vision globale." Ce qui implique de mettre en œuvre certaines compétences, comme la capacité de “gérer son identité numérique", et qui justifie “la prise en compte du PLE dans la note finale". Déployé à petite échelle lors de la session de novembre, le recours au PLE sera généralisé lors de la session de février.

“Le Cafel est à la fois une formation-action et une expérimentation pédagogique permanente, conclut Anne-Marie Husson : il est très important pour nous de parvenir à modéliser l'usage de ces outils. Toute l'équipe va apprendre en marchant. Nous y allons progressivement… mais résolument !"

www.preau.ccip.fr/formation/cafel/cafel.php

Utilisations possibles en formation

Lucie Audet, chargée d'enseignement et auxiliaire de recherche à la TéléUniversité du Québec, s'est intéressée à l'utilisation des réseaux sociaux en formation dans une étude publiée cette année par le Réseau d'enseignement francophone à distance du Canada (Refad). Tout en décrivant leurs principales fonctionnalités, qu'elle compare de manière éclairante aux d'autres outils de communication (courriel, wikis, blogs, forums, etc.), Lucie Audet en recense les principaux usages aujourd'hui avérés. Par exemple utiles au développement du tutorat, les réseaux sociaux sont ainsi employés “à l'Université Paris-Descartes, en médecine générale, où la plateforme Elgg permet à 30 médecins-tuteurs, très occupés et en déplacements fréquents, de suivre et d'évaluer les acquis de 300 tuteurés". Parmi les nombreux autres cas d'utilisation à des fins de formation, Lucie Audet cite notamment : intégration des nouveaux apprenants, création ou soutien de communautés d'intérêt, promotion des interactions entre apprenants (d'une même discipline ou non), documentation des compétences, apprentissage d'une langue, amélioration des compétences communicationnelles ou encore évaluation des dispositifs.