Entretien avec Jean-Paul Denanot, président de la Région Limousin et de la commission formation de l'ARF : {“La compétence de droit... sans la maîtrise des crédits"}
Par Agathe Descamps - Le 16 novembre 2011.
La décentralisation de l'apprentissage est-elle une réalité pour les Régions ?
Concernant l'apprentissage, les systèmes sont très compliqués. Les Régions ont la compétence de droit – versement des primes aux entreprises, entretien des CFA, etc. – mais pas la maîtrise de la recette. Il faudrait mettre en place une taxe d'apprentissage sous forme de péréquation, car il existe de grandes différences entre les Régions. Par exemple, le Limousin compte peu d'entreprises. Les chefs d'entreprise attribuent souvent leur taxe d'apprentissage à leur ancienne école, et nous n'avons pas de grandes écoles en Limousin. Quand une compétence est transférée, il faut que les recettes suivent. On ne peut pas faire de la décentralisation à moitié. Nous sommes dans une situation complètement ubuesque où l'État garde la main et contrôle encore certaines choses. Ce n'est pas normal que nous n'ayons pas du tout été consultés pour les campagnes pour l'alternance que nous voyons fleurir partout à la télévision, à la radio etc. Il faudrait que la Région soit pilote de l'apprentissage pour qu'il y ait une cohérence.
François Hollande, candidat du PS, est-il favorable à une décentralisation totale de la formation professionnelle ?
François Hollande est favorable à une formation professionnelle de qualité et, donc, à la décentralisation. Il n'est plus possible de décider d'“en haut" comment tel ou tel dispositif sera mis en place dans les différents territoires. L'idéal serait une “sécurité sociale professionnelle", mais elle couterait 30 milliards par an, ce qui n'est pas possible pour l'instant. Il faudrait donc un FPSPP doté de fonds importants, et qui ne soient pas prélevés par l'État pour mettre en place ses politiques. François Hollande engagera assez rapidement des négociations avec les partenaires sociaux pour que ce FPSPP ait vraiment ce rôle de sécurisation des parcours. L'idéal serait un fonds de 3 milliards d'euros[ 1 ]878 millions d'euros actuellement. .
Notes
1. | ↑ | 878 millions d'euros actuellement. |