Les Carif et les Oref, {“capteurs des besoins d'information et des évolutions des territoires" }

Par - Le 16 novembre 2011.

“Les Carif et les Oref sont des décodeurs de la complexité ambiante. Et surtout, des organisateurs de l'information", souligne Maryse Dubois, directrice du Prisme Limousin et membre de l'InterCarif-Oref. Malgré leur rôle important d'informateurs, il existe, selon elle, “un risque quant à leur avenir".

“L'exercice de prospective est délicat : des échéances électorales se rapprochent, en 2012 et en 2014. La fin des contrats de projet est fixée en 2013… Parmi les options possibles, il y a celle d'une répartition de nos missions entre l'État et les Régions. Elle ne nous apparaît pas souhaitable, car elle casserait une dynamique qui a été largement encouragée et soutenue par nos financeurs et les partenaires de l'action au quotidien", poursuit la directrice du Carif Limousin, qui a vu le champ emploi-formation évoluer depuis 1981, du côté de l'État et du côté des Régions.


“Une succession de réformes qui brouille les messages"

À cet égard, Maryse Dubois remarque que la succession de réformes de la formation professionnelle a eu plus ou moins “un effet de brouillage des messages". Voici trente ans, “déjà on considérait que l'ensemble des dispositifs était compliqué, mais sans doute cette complexité apparente, et presque revendiquée, était source de richesses et de qualité des interventions publiques, puisque le système français permet d'apporter une réponse à la quasi-totalité des demandes exprimées par les individus en recherche d'information et de financement", développe-t-elle.

Quel est l'impact pour les Carif et les Oref, dont les missions ont été redéfinies par une circulaire en juillet 2011 ? “Je trouve dommage que la diversité des initiatives et des modes de financement dans les territoires régionaux n'ait pas été prise en compte. La mise à plat des modes de suivi et d'évaluation contenue dans cette circulaire aurait pu être rédigée voici trois ans lors des signatures des contrats de projets." Diffusée aujourd'hui, cette circulaire semble quelque peu “décalée", mais “elle contient des éléments forts qui vont alimenter notre réflexion et notre action et les structurer".

Les individus passifs ou acteurs de leur parcours ?

Avec la réforme de 2009, les partenaires sociaux et les législateurs ont voulu rendre l'individu (salariés et demandeurs d'emploi) “acteurs" de leurs parcours professionnels. Mais Maryse Dubois constate que les personnes sont en fait devenues plutôt “passives". “Elles se voient prescrire de la formation, se voient radier. Et l'effet de la crise de 2008 amplifie certainement ces situations."

Autre tendance forte de ces dernières années selon elle : la “rentabilité" attendue des individus, et ce “le plus vite possible". Insistant : “Il est parfois nécessaire à un demandeur d'emploi, par exemple, de bien faire mûrir un projet et d'être décisionnaire quant à son choix d'orientation." Comme beaucoup d'acteurs le dénoncent, le problème du système de la formation professionnelle réside aujourd'hui dans la confusion du pilotage des politiques. “Tout le monde veut agir, le pilotage est devenu obscur et la répartition des rôles et des modes de financement est rendue illisible."

“Un exercice délicat et passionnant"

Pour autant tout n'est pas à jeter dans la réforme de 2009. “Outre un impact réel sur l'organisation de l'information sur la formation et sur les modes d'orientation, la loi du 24 novembre 2009 a le mérite de mettre en mouvement les Régions, l'État et les partenaires sociaux pour concevoir un mode de réflexion et d'action constitué par la rédaction du CPRDFP (contrat de plan régional de développement des formations professionnelles). Exercice délicat et passionnant, qui permet à chaque acteur d'un territoire d'être présent et d'être respecté dans ses attentes et ses propositions." Selon Maryse Dubois, cet exercice, certes complexe, n'est “pas toujours bien repéré comme un axe fondamental pour les années à venir…"