Le décloisonnement des formations : une évolution inscrite dans la durée
Par Béatrice Delamer - Le 16 novembre 2011.
Peut-on dire que la formation des demandeurs d'emploi ait évolué dans le bon sens au fil des ans ? Difficile à dire, mais le rapprochement de l'offre de formation leur étant destinée et celle des salariés est l'une des avancées majeures de ces dernières années, estime Jean-Marie Marx, directeur général d'Agefaforia (Opca de l'industrie agroalimentaire) et surtout rapporteur de La formation professionnelle des demandeurs d'emploi présenté le 5 février 2011. “Le fait d'avoir une articulation entre la formation des chômeurs et des salariés est positif. C'est le sens de la POE[ 1 ]Préparation opérationnelle à l'emploi., du CTP et de la CRP[ 2 ]Contrat de transition professionnelle et convention de reclassement personnalisé, depuis fondus dans le contrat de sécurisation des parcours (CSP). ".
Un rapprochement qui profite à tous
L'ancien directeur général délégué de l'ANPE se souvient de la coexistence d'organismes spécialisés dans l'intervention en entreprise, proposant des formations opérationnelles bien ancrées dans leurs besoins, et d'autres proposant des formations plutôt généralistes ne débouchant pas forcément sur une qualification. Pas question de les mélanger pour autant, mais le fait qu'il n'y ait plus de séparation franche entre les organismes intervenant dans la commande publique et les autres en entreprise profite à tous, selon lui. “Des formations bien implantées dans le milieu professionnel sont plus opérationnelles et permettent de trouver un emploi plus facilement." D'un autre côté, les entreprises qui ont besoin de compétences peuvent construire des parcours de préformation, ou de découverte des métiers, comme son Opca a pu en financer, des dispositifs autrefois réservés à l'insertion. “C'est un mouvement émergent, mais aussi une évolution inscrite dans la durée", affirme-t-il.
L'achat de formation toujours opaque
Moins réussi : la politique de prix d'achat des formations qui perdure dans l'opacité. “Les coûts varient de 6 à 50 euros, voire même 100 euros de l'heure, sans explications réelles pour de telles différences", constate-t-il. Pire, il sent que ceux qui répondent aux appels d'offres s'inspirent de la fourchette de prix affichée par l'Opca pour fixer leur taux, avec une fâcheuse tendance à s'aligner sur le montant le plus haut. Il regrette aussi qu'il soit difficile de se repérer dans la “jungle des organismes de formation", pas si certain qu'une labellisation en garantisse la qualité.
Mais le FPSPP fait bouger les choses
La prescription de formation n'a pas non plus, selon lui, évolué dans le bon sens. “Nous avons même perdu dans la rapidité de prescription. Depuis quinze ans, des compétences formation, qui existaient au sein des agences locales de l'ANPE, ont disparu", regrette-t-il. Il compte sur l'arrivée des psychologues de l'Afpa[ 3 ]Effective depuis le 1er janvier 2010. pour que cela change.
En revanche, le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), créé pour sécuriser les parcours par les partenaires sociaux, représente à ses yeux un double intérêt : “Au-delà des moyens propres qu'il permet de mobiliser, c'est aussi la priorisation que génère la réponse à un appel d'offre, l'impact du FPSPP et la dynamique que cela crée qui est intéressant. Les priorités interbranches se répercutent dans les branches en créant du mouvement, ce qui est plutôt positif."
Notes
1. | ↑ | Préparation opérationnelle à l'emploi. |
2. | ↑ | Contrat de transition professionnelle et convention de reclassement personnalisé, depuis fondus dans le contrat de sécurisation des parcours (CSP). |
3. | ↑ | Effective depuis le 1er janvier 2010. |