Vincent Merle, Aquitaine Cap métiers : “Les Carif-Oref doivent éclairer les choix à long terme et être réactifs dans les turbulences" }
Par Béatrice Delamer - Le 16 juillet 2011.
“Les Carif-Oref, comme d'autres structures, sont entrées dans une zone de turbulences", a tout de suite prévenu le nouveau président d'Aquitaine Cap métiers, Vincent Merle, qui accueillait les participants à la deuxième journée de la rencontre nationale du réseau Carif-Oref, le 7 juillet à Bordeaux (voir notre article).
“La décentralisation n'arrête pas de se faire et j'ai le sentiment que nous sommes toujours au milieu du gué", a-t-il constaté , expliquant qu'il existait une sorte de “mouvement de balancier : à certains moments, les logiques territoriales se voient redonner des degrés de latitude très forts, et a d'autres moments des logiques plus centralisatrices reviennent." Un schéma qui se répète régulièrement lorsque les questions de chômage deviennent plus stratégiques que jamais et que l'État veut reprendre la main.
Alors, quelles perturbations ? Certes, la loi de 2009 a modifié le jeu des acteurs et créé le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), “occasionnant des frictions entre les partenaires sociaux qui gèrent le fonds et l'État qui veut définir des grandes priorités. Mais elle a vu aussi surgir la volonté de faire de l'orientation une des composantes de la formation professionnelle, même si le processus de labellisation et la création de portail créent des perturbations".
L'essentiel d'entre elles résidant, selon lui, dans les évolutions du marché du travail : l'“utilité sociale" des Carif-Oref doit en être totalement imprégnée. Il faut bien sûr anticiper sur les besoins de main-d'œuvre de demain, mais surtout savoir réagir très rapidement face aux changements brusques, à l'instar d'une entreprise qui perd ses marchés : “Les Carif-Oref sont parmi les acteurs qui peuvent faire preuve de réactivité. Vous ne devez pas uniquement éclairer des choix de long terme, mais aussi faire en sorte que l'appareil de formation et les acteurs du système de la relation emploi-formation soient beaucoup plus réactifs."
Les Carif-Oref doivent également prendre en compte la construction des parcours professionnels et se saisir des questions de transférabilité, transversalité et portabilité des compétences -- “absolument stratégiques". Si le mot “compétence" fait référence à un contexte donné, les compétences acquises permettent aussi d'acquérir d'autres aptitudes et capacités dans une autre situation : “Cette préoccupation doit progressivement imprégner l'ensemble des travaux et des outils que vous mettez en œuvre."
Selon lui, sans les Carif-Oref, qui sont “des lieux carrefour, des lieux d'échanges où apprendre à coopérer, à parler un même langage", l'efficacité de chacun serait mise à mal. “Ce sont les partenaires avec lesquels vous travaillez qui défendront votre utilité", leur a-t-il assuré.
“Éléments dynamiques pour l'emploi"
Nouveau membre du GCD (Groupe de coordination des directeurs), Jean-Michel Gimenez, directeur du Carif-Oref Midi-Pyrénées, a exposé ses motivations. Midi-Pyrénées compte bien apporter son expertise en matière de mutualisation et de prospective à court terme : “Il s'agit d'identifier les métiers porteurs à cinq ans pour irriguer de ces informations les décideurs régionaux. En décelant les besoins d'emploi, les Carif seront à même de mieux communiquer sur les formations et davantage justifier de leur utilité tant au niveau régional, qu'au niveau national". Entrer dans le GCD va lui permettre de démontrer que les Carif-Oref “sont bien des éléments dynamiques pour l'emploi en région".