Yves Terral, délégué général de l'Anfa : {“L'impulsion conventionnelle reste à protéger et à encourager" }
Par Sandrine Guédon - Le 16 novembre 2011.
Le directeur général (CGPME) de l'Anfa (Association nationale pour la formation automobile), Opca de branche, met l'accent sur le paritarisme dans la mise en œuvre du système français de FPC. Laquelle constitue ainsi un terrain particulièrement significatif du dialogue entre pouvoirs publics et partenaires sociaux.
Centre Inffo - Quel est l'apport de la loi de 1971 ?
Yves Terral - Quel que soit l'intérêt de ce texte fondamental, il convient de souligner que cette loi a été promulguée sur les bases de l'Ani de 1969. Nous pouvons considérer que ce binôme a eu une portée visionnaire, en jetant les bases de la formation continue, même si d'autres textes, par la suite, sont venus compléter les fondations ainsi posées, comme les textes de 1985, de 1993, et de 2009.
Depuis ces dispositions fondatrices, la principale innovation a été pour moi l'ouverture de la formation professionnelle continue à l'insertion professionnelle, permettant ainsi, à côté de la formation des salariés, l'ouverture de nouveaux dispositifs aux jeunes.
Centre Inffo - Quelles sont plus précisément les grandes évolutions depuis quarante ans ?
Yves Terral - Deux éléments me paraissent particulièrement importants : la vitalité du dialogue social et l'évolution du rôle des Opca.
Le dialogue social constitue un élément fondamental dans la mesure où il est constant dans la formation professionnelle et qu'il précède la loi, dans l'esprit de la philosophie de 1969-1971. Il convient donc de conserver cet esprit d'initiative des partenaires sociaux, praticiens de la réalité des situations économiques et sociales. L'impulsion conventionnelle est à protéger et à encourager.
Le second point est le rôle des Opca, qui ont évolué d'une simple fonction financière de collecte et de prise en charge à d'autres missions au service des entreprises, des branches et des salariés. Il convient d'encourager le développement de cette valeur ajoutée qui accroît la légitimité des Opca, en leur donnant, à côté de la fonction financière, et dans une nouvelle dimension juridique, un rôle économique et social.
Centre Inffo - Que reste-t-il à faire ?
Yves Terral - Il est à souhaiter que l'autonomie et l'esprit d'initiative des partenaires sociaux sur les objectifs et les moyens de la formation professionnelle soient le plus possible respectés et pris en compte par les pouvoirs publics. S'il est bien normal que ceux-ci souhaitent développer leur influence sur les divers dispositifs et leurs financements, il est nécessaire qu'un véritable dialogue puisse exister, faute de quoi on passerait d'un paritarisme de gestion à un simple “paritarisme de caution" ! La capacité d'initiative et d'innovation dont ont fait preuve les partenaires sociaux depuis plus de quarante ans ne serait pas récompensée.
Par ailleurs, il est nécessaire de réfléchir et d'approfondir le rôle et les missions des Opca, notamment en matière de GPEC et de service aux PME et TPE : la définition de leur périmètre est loin d'être terminée, et une réflexion à ce sujet serait aussi bien dans l'intérêt des partenaires sociaux que celui des pouvoirs publics.