L'impact du Répertoire national des certifications
Par Béatrice Delamer - Le 16 février 2012.
Artisan de la construction du Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), banque de données nationale devant permettre d'accéder à la certification par la validation des acquis de
l'expérience, Anne-Marie Charraud, ancienne rapporteure générale à la commission technique d'homologation, revient sur le changement de paradigme occasionné par cet avènement.
Voici dix ans, la création du RNCP s'est imposée en toute logique, “dans la mesure où la VAE avait comme objectif la certification, il fallait une base de données que nous n'avions pas". En 2001, pour savoir quelles certifications étaient accessibles, “il fallait faire le tour des certificateurs", comme les ministères de l'Emploi, de l'Éducation nationale, de l'Agriculture, de Jeunesse et Sports, de la Santé, ou encore de la Défense.
_ “La création de ce Répertoire a eu énormément d'impact. Les certifications devaient être décrites en termes de compétences, et non plus de programmes de formation." Des compétences permettant une correspondance avec une expérience dans le monde du travail, voilà qui a “modifié l'approche même de l'écriture et le sens de la certification, analyse Anne-Marie Charraud.
Elle était la preuve du suivi d'une formation, elle est devenue celle de la maîtrise d'une compétence !"
“Un changement de paradigme fondamental" qui a forcé tous les certificateurs “à revoir leur copie". Avec de fortes résistances, notamment des formateurs. Alors que le milieu universitaire faisait face, au même moment, à la mise en place du système LMD (licence, maîtrise, doctorat). “Ils restent très attachés à leur enseignement et ne raisonnent pas en terme d'usage, alors qu'ils doivent prendre conscience de la nécessaire lisibilité pour le marché du travail.
Beaucoup restent dans une logique de recherche, visant le doctorat."
Ce qui, dans les faits, se traduit, dix ans plus tard, par un objectif quantitatif d'enregistrement des certifications qui n'est pas atteint concernant l'enseignement supérieur. En 2010, 4 187 étaient inscrites, dont 2 180 en cours de traitement. “Au niveau qualitatif, nous avons considérablement amélioré les choses", se félicite Anne-Marie Charraud. Depuis les inscriptions des débuts, “la commission est devenue de plus en plus exigeante : elle veille à ce que la certification soit bien en lien avec l'emploi et elle vérifie que l'ingénierie proposée permet réellement d'obtenir la certification par la VAE". Afin d'inscrire une certification, l'organisme de formation doit amener la preuve que le marché du travail a réellement exprimé ce besoin de certification.
“En 2002, l'accent a été mis sur les procédures, aux dépens des référentiels. Mais maintenant, les référentiels sont mieux adaptés, cela devrait permettre de développer la VAE."
Finalement, “dix ans après, nous pouvons nous féliciter d'avoir fondé le Répertoire. Ce qui n'a pas été finalisé, c'est une nomenclature des certifications que la loi de 2002 demandait de concevoir. Actuellement, la nomenclature en cours a cinq niveaux, alors que beaucoup de certifications vont au-delà".
C'est ce qu'indique Georges Asseraf, président de la CNCP : “12 000 sont recensées pour l'enseignement secondaire ou supérieur, 1 400 au titre des sept autres ministères certificateurs et près de 2 400 pour les autres institutions susceptibles de certifier, qu'il s'agisse d'organismes de formation, des chambres de commerce ou d'autres ministères disposant de leurs propres certifications internes." Un chiffre réaliste ? “Il existe environ 350 branches professionnelles signataires d'accords en matière de formation professionnelle. En partant du principe que chacune compte dix métiers sur cinq niveaux de qualification, nous atteignons le chiffre de 15 000 certifications, ce qui se rapproche de notre réalité."