L'objectif de 800 000 alternants en 2012
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 février 2012.
“La question de l'apprentissage, en France, a donné lieu, depuis quelques années à une floraison de rapports jamais vue depuis au moins une quinzaine d'années !" En charge d'un atelier consacré à la question du cap des 800 000 apprentis en 2012, Pierre Courbebaisse, vice-président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), a ainsi rappelé que depuis 2009 étaient sortis les rapports du sénateur Demyunk, le livre vert de Martin Hirsch (alors haut-commissaire aux solidarités actives), le rapport parlementaire Hénart, celui d'Henri Proglio sur la promotion et de développement de l'alternance, sans oublier, mi-janvier 2012, le récent rapport Joyandet sur la jeunesse.
Un inventaire à la Prévert duquel ressortent plusieurs priorités : la valorisation de l'apprentissage et de l'alternance, la nécessité d'une simplification de la taxe d'apprentissage pour les entreprises, ou les questions du logement et du statut des alternants. “Certaines des propositions contenues dans ces rapports se sont traduites entretemps dans les textes", a rappelé Pierre Courbebaisse, faisant notamment référence à la loi du 21 avril 2009 (“loi Wauquiez") ou à celle du 29 juillet 2011 (“loi Cherpion"), s'instaurant, entre autres, l'alternance saisonnière, la carte d'étudiant des métiers ou le statut de stagiaire de la formation professionnelle. Alors, certes, la DGEFP, par la voix de Frédérique Racon, adjointe au chef de la mission politiques de formation et de qualification, a indiqué que 32 500 nouveaux contrats de professionnalisation concernant des publics de plus de 26 ans avaient été enregistrés au cours de l'année 2011 (contre seulement 1 200 entrées en contrats de professionnalisation de personnes âgées de 45 ans et plus). Mais l'objectif des 800 000 alternants en 2012 pourra-t-il être atteint ?
“Pas d'alternance sans entreprises !"
“Des pistes existent, cet l'objectif est atteignable, de même que celui du cap d'un million d'alternants en 2015", a estimé Brigitte Le Boniec, directrice formation et compétences au sein de l'ACFCI, qui a tout de même rappelé une évidence parfois un peu négligée par les différents acteurs de l'apprentissage : “Pas d'alternance sans entreprises !" Ainsi, le réseau des chambres consulaires a développé plusieurs initiatives telles les Journées rencontres apprentis, les Nuits de l'orientation (une soixantaine chaque année) ou les stages courts en entreprise durant les vacances scolaires. Avec des résultats parfois mitigés, tant l'alternance et l'apprentissage sont encore des dispositifs méconnus tant par les publics que par les entreprises, et souvent perçus comme un palliatif à l'échec de la formation initiale.
Afin de corriger ce déficit d'image, le réseau des CCI a déployé ses “développeurs d'apprentissage" auprès des entreprises. “Nous avons principalement visé les PME de 20 à 250 collaborateurs, qui comptent parmi les entreprises recourant le moins à l'apprentissage", a souligné Brigitte Le Boniec. Avec comme résultat une augmentation de 6 % des contrats d'alternance signés en 2011, en dépit de la persistance de la crise. “Un résultat d'autant plus satisfaisant que les deux tiers des entreprises en ayant signé n'avaient jamais eu recours à l'alternance auparavant." La directrice formation de l'ACFCI a, par ailleurs, indiqué que 10 % des contrats signés passaient désormais par le portail dématérialisé des CCI.
Néanmoins, demeure le problème des financements. “Actuellement, nous comptons 470 000 apprentis. Or, pour tendre vers les objectifs fixés, un milliard d'euros supplémentaire sera nécessaire pour financer les CFA, 200 millions d'euros au titre des crédits d'impôts et 500 millions d'euros pour la réduction des charges patronales sur les entreprises." Brigitte Le Boniec estime donc à 2 milliards d'euros supplémentaires l'effort pour atteindre le seuil de 800 000 apprentis en 2012. “Or, sur les 7 milliards actuellement consacrés à l'apprentissage, 5 sont supportés par les entreprises… Il est nécessaire de procéder à des redéploiements, ou à des accords, notamment avec l'Éducation nationale."