L'UMP propose de créer un compte individuel de formation

Par - Le 01 avril 2012.

Nous voulons attribuer à chacun un compte individuel de formation dont le capital de départ sera inversement proportionnel à la formation initiale, afin qu'un salarié puisse bénéficier d'une formation tout au long de la vie, surtout lorsqu'il a une formation initiale courte ou lorsqu'il est porteur d'un handicap." C'est l'une des propositions formulées en matière de formation professionnelle. Après un an de conventions thématiques, l'UMP a élaboré son “Projet pour 2012", ratifié par les militants à 96,37 %, le 22 janvier dernier. Selon les instances du parti de la majorité, ce projet “coûte" zéro euro et permet un retour à l'équilibre budgétaire en 2016.

Depuis, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a annoncé son intention de réformer le système de la formation professionnelle. Le président a même chargé Gérard Larcher, ancien ministre du Travail, de produire un rapport pour envisager les pistes d'une réforme “radicale", après audition des principaux acteurs du système. Récemment, il a déclaré vouloir s'attaquer au chantier “prioritaire" de la formation professionnelle, en particulier au “maquis derrière lequel il y a le financement de la formation professionnelle" et à un “système qui est aujourd'hui géré par les Régions et les organismes professionnels, ce qui ne fonctionne pas".

Alternance

Le projet de l'UMP veut que l'apprentissage et l'alternance “deviennent un chemin privilégié vers l'emploi (…) en portant à un million le nombre des apprentis en cinq ans. Et en ouvrant la possibilité à ceux qui le souhaitent d'entrer dans l'apprentissage dès 14 ans, mais également de revenir dans l'enseignement général".

Ouvrir les négociations sur le temps de travail

Le “travailler plus" est toujours d'actualité selon le projet 2012 : “Pour créer plus de richesses dans notre pays et assurer le financement de notre modèle social, nous devons travailler plus." Il faut, selon le parti, “franchir une nouvelle étape et inciter les employeurs et les employés à ouvrir des négociations sur le temps de travail, dès 2012 en échange d'une augmentation des salaires et sans remettre en cause la durée légale du travail de 35 heures". Ainsi, dans le secteur privé, ces négociations auront lieu “au niveau des branches ou, à défaut, des entreprises. Nous inciterons chacun à ouvrir ces négociations et à aboutir à un accord en modulant les exonérations de charges en fonction de l'avancée des négociations." Quant au secteur public, “des négociations seront ouvertes dans chacune des fonctions publiques".

Une carte vitale de la formation"

En créant un compte individuel de formation, on arriverait à créer une carte vitale de la formation professionnelle", explique Gérard Cherpion, député des Vosges, auteur de la loi de 2011 sur l'alternance. Interrogé sur le projet de l'UMP pour 2012-2017, il choisit de qualifier ce document de “ligne directrice", entre un “bilan et une volonté de poursuivre".

Créer un compte individuel de formation permettrait “d'attribuer un capital de départ inversement proportionnel à la formation initiale". Gérard Cherpion va plus loin : “Il existe un dispositif, le Cif (congé individuel de formation), qui fonctionne très bien pour les salariés, mais est relativement limité. Les demandeurs d'emploi doivent aussi disposer d'un capital, soit pour s'engager dans une formation professionnelle, soit lors d'une rupture d'emploi. Il s'agit de responsabiliser les personnes. Ce capital sera engagé uniquement pour des formations professionnelles qualifiantes, à l'image du Cif", détaille le député.

La formation sur le devant de la scène

Sommet social, mission d'évaluation des pistes d'une nouvelle réforme, déclarations sur la formation des demandeurs d'emploi, etc., les occasions sont nombreuses pour rappeler les enjeux du système de la formation professionnelle, à la veille du premier tour. “C'est aussi parce que le président est sur le terrain et qu'il touche du doigt les problématiques actuelles, analyse Gérard Cherpion : ce n'est pas de perdre son emploi qui est difficile, c'est d'en retrouver un autre. Et il faut cultiver son patrimoine de formations pour atteindre ce but."
Concernant l'apprentissage, le député remarque que le projet de l'UMP s'inscrit également dans la continuité. C'est un “engagement à réussir que nous prenons", insiste-t-il, rappelant le chiffre actuel de 600 000 contrats en alternance. L'objectif étant, à terme, d'avoir “un million d'apprentis en cinq ans, comme l'Allemagne".

Les contours d'une nouvelle réforme

Pour Gérard Cherpion, même si des évolutions importantes ont été réalisées depuis les lois de 2009 et de 2011, il faudra nécessairement “revoir" la question du financement de la formation, comme le suggère fortement la lettre de mission adressée à Gérard Larcher par Nicolas Sarkozy. “Il faudra aller plus loin sur les Opca et leur rôle de conseil, et réfléchir au financement de Pôle emploi. La formation professionnelle est un chantier permanent", indique-t-il, tout en reconnaissant qu'il y a parfois une “tendance à légiférer à outrance. Mais souvent, les détracteurs du changement nous disent que c'est impossible, et puis les choses se font. Comme, par exemple, la réduction du nombre d'Opca".