Opca de la construction : un PSE “inavouable" mais “inévitable"

Par - Le 01 mars 2012.

L'administration avait souhaité éviter un maximum les PSE lors du regroupement des Opca. Elle n'aura pu éviter la dislocation de l'Opcams, l'Opca de l'artisanat des métiers et des services, et le licenciement économique de ses 68 salariés ; elle ne pourra probablement pas éviter le PSE de l'Opca de la construction.

PSE : un sujet devenu si brûlant que la direction ne souhaite plus prononcer ces trois lettres. Selon Christine Cotton, ancienne salariée du Faf-Sab et déléguée syndicale CGT, qui a quitté Constructys (l'Opca de la construction), “le 20 février, les administrateurs du collège salarié assistaient à une réunion du comité de suivi sur le volet RH où il a été clairement dit qu'un PSE serait mis en place. Mais ils ont interdiction d'en parler et de prononcer ce terme, ils ont décidé de parler de "mobilités extérieures" ! Il faut bien trouver un joli terme pour expliquer qu'au moins 25 personnes, si ce n'est pas plus, vont être dirigées vers Pôle emploi !"

Preuve que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur du monde des Opca. “Dès juillet 2011, nous avons levé un lièvre dans le projet que nous présentait la direction. Nous avons mandaté une avocate qui a confirmé nos craintes. La direction prévoyait que l'employeur qui reprenait le Faf-Sab pouvait éclater la structure, en 25 employeurs. En droit ce n'est pas possible. Ils ont mis assez longtemps avant de nous présenter un nouveau projet en octobre", explique Christine Cotton.

Le sort des 45 salariés des ex-DTR

La première inquiétude pour les salariés se matérialise avec la réorganisation de la représentation territoriale de l'Opca de la construction : les 24 APR (associations paritaires régionales), issues du rapprochement entre les 22 Aref et les neuf DTR (délégations techniques régionales du Faf-Sab). “C'est là où le bât blesse", poursuit Christine Cotton. Sur les 45 salariés des DTR, 17 seulement sont aujourd'hui en poste dans ces nouvelles structures, ou “mis à disposition" par Constructys. “Certains ont subi des baisses de salaires de 10 à 30 %", poursuit-elle. 25 personnes sont, elles, toujours dans les ex-DTR, rebaptisées PPD (pôles provisoires déconcentrés). Ces salariés, qui ont refusé l'affectation proposée dans les APR, “ne font plus grand-chose, ils se contentent de relever le courrier et de faire suivre aux APR", témoigne un salarié reclassé, lui, dans une APR. Pour Christine Cotton, leur sort est inévitable : “C'est Pôle emploi !"

Les neuf délégués des DTR n'ont pas été reclassés dans les APR, “il y aurait eu des possibilités en interne mais on a préféré recruter des gens de l'extérieur, s'indigne l'ex-salarié du Faf-Sab. Malheureusement, on fait payer aux salariés du Faf-Sab de vieilles rivalités entre la FFB et la Capeb, deux organisations patronales des entreprises de plus et de moins de 10 salariés. Il n'y a aucune volonté en interne pour garder les compétences, d'où des plans d'accompagnement très favorables vers l'extérieur…" Selon le salarié de l'APR, les ex-Faf-Sab en régions ne sont pas les seuls à être menacés : “Lors de la dernière commission de dialogue social du Faf-Sab en novembre, il nous a été clairement dit que le PSE était inévitable, et je ne vois pas pourquoi au siège national les salariés seraient épargnés."

PSE bloqué jusqu'aux élections des IRP

La nouvelle organisation de l'Opca de la construction ne peut se faire sans la consultation des IRP. Dans un message aux équipes transmis en octobre 2011, la direction a donné un calendrier de travail d'octobre 2011 à mai 2012 : “Négociation pour bâtir de nouveaux statuts, convergence des équipes de l'Opca, organisation du réseau territorial." Pour Christine Cotton, la direction a “tout intérêt à organiser au plus vite les élections des IRP pour dénoncer les statuts des anciens Faf-Sab, trop avantageux à leur goût et, derrière, d'établir un PSE le plus vite possible". Le 31 janvier dernier, “un protocole préélectoral a été présenté aux syndicats de salariés, qui ont refusé de le signer", ajoute-t-elle.