Nouveau paysage des Opca : “le modèle de collecteur-répartiteur selon la loi de 1993 a vécu"
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 février 2012.
Depuis le 1er janvier 2012, le paysage des Opca s'est modifié. Mais, au-delà du regroupement opéré, la réforme prévoit que ces organismes collecteurs assurent de nouvelles missions auprès des entreprises et de leurs salariés, dans une plus grande “transparence de proximité". Des changements sur lesquels sont revenus les participants à une table ronde, au deuxième jour de l'UHFP.
Transparence et proximité, deux notions qui auront amené Marie Morel, sous-directrice des politiques de formation et du contrôle de la DGEFP, à qualifier ces organismes “d'Opca resserrés, avec une vraie cohérence".
“Un mariage forcé" (FO)
Plutôt que d'évoquer des regroupements d'Opca, Stéphane Lardy, secrétaire confédéral FO, aura préféré parler de “mariage forcé sans concubinage préalable", soulignant que son organisation syndicale avait, lors de la loi du 24 décembre 2009, souhaité lancer un débat sur la nécessité d'un regroupement des organismes collecteurs. D'autant qu'à ses yeux, les critères d'agrément fixés par la DGEFP ont pu empiéter sur les négociations collectives au cours des deux années écoulées. “Le fait est que les organisations syndicales se sont souvent retrouvées devant le fait accompli !", a-t-il ajouté.
“Des rapprochements problématiques pour les PME" (Medef)
Alain Druelles, pour le Medef, a pour sa part exposé que les rapprochements avaient pu poser des difficultés, notamment au regard de la dimension des TPE et PME auxquelles on demandait parfois d'intégrer des organismes auxquels adhéraient essentiellement de grands groupes. “Toutefois, le Medef n'a donné aucune consigne en vue des regroupements, et chacun a négocié selon l'intérêt de ses entreprises."
“De nouvelles dynamiques" (Uniformation)
Les rapprochements n'ont pas nécessairement été
synonymes de souffrances. Ainsi, Thierry Dez, directeur général d'Uniformation, a insisté sur les “valeurs communes" existantes en les ex-Habitat Formation et Faf Sécurité sociale, les deux organismes accueillis par celui qu'il préside. Doté désormais d'un conseil d'administration regroupant quarante-huit personnes, l'“Uniformation nouveau" a choisi de traduire son nouveau fonctionnement en déployant six sections paritaires professionnelles (SPP). “Les nouvelles dynamiques se sont d'ores et déjà mises en place, notamment en direction du catalogue de formation, du CSP, etc.", a expliqué Thierry Dez.
“La vie suit son cours" (Opcalia)
Opcalia a vu son périmètre fortement élargi depuis le 1er janvier, par l'arrivée de plusieurs branches en son sein. “Mais il n'a jamais été question de grossir pour grossir", a précisé son directeur général, Yves Hinnekint. “La vie suit son cours", a-t-il ajouté, même si le conseil d'administration d'Opcalia est, de fait, passé de trente à quarante administrateurs. Charge aux nouveaux de s'adapter aux modes d'organisation de l'Opca. “La vraie question demeure celle de l'offre de services que nous serons susceptibles d'apporter à nos entreprises, car le contexte économique général n'a pas attendu le rapprochement pour nous laisser le temps de nous adapter. Or, en matière de POE, de CSP ou de chômage partiel, nous allons devoir apporter des réponses rapides !"
“Aucune révolution culturelle" (Agefos-PME)
Selon Joël Ruiz, directeur général d'Agefos-PME, l'organisme collecteur interprofessionnel n'aura subi “aucune révolution culturelle du fait du rapprochement". Toutefois, il n'a pas manqué de faire remarquer que le modèle des Opca “collecteurs-répartiteurs", tel que défini par la loi de 1993, avait vécu. L'organisme qu'il préside va désormais tendre vers un renforcement accru des fonds mutualisés, du fait, notamment, de la création d'une nouvelle action comptable en direction des entreprises de dix à quarante-neuf salariés. Et d'ajouter : “La transparence de gestion induite par la convention d'objectifs et de moyens récemment signée démontrera qu'il existe une réelle valeur ajoutée à nos actions."