Pour le consultant Jean-Pierre Willems, “ces programmes sont très simplificateurs"

Par - Le 01 avril 2012.

Manifestement, un sujet qui n'a été travaillé par personne." Ainsi le consultant Jean-Pierre Willems réagit-il à la lecture des propositions formation des candidats à la présidentielle 2012. Et de pointer
un décalage assez spectaculaire" entre la dimension soi-disant “fondamentale" de la question formation et la “pauvreté des propositions". Mais là n'est pas forcément le plus grave, Jean-Pierre Willems estimant par ailleurs que “la formation n'est pas aussi
importante que tout le monde le dit" 
 !

De même que la question de la qualification ne passe pas forcément par la formation, il est faux de dire que la question de l'emploi passe en premier lieu par la formation", argumente-t-il. À ses yeux, la question, “jamais abordée", serait plutôt celle de la “pauvreté des contenus de travail, bien plus déqualifiants que l'absence de formation". Mais puisque les candidats en ont décidé autrement, Jean-Pierre Willems commente : “Quels que soient les programmes, je vois des solutions simplistes, publiques et nationales, c'est-à-dire totalement centralisées." Et d'y voir, au-delà de la persistance d'une certaine tradition française, la manifestation du “traumatisme" qui affecterait la classe politique, incapable, depuis que Lionel Jospin a formulé son célèbre “L'État ne peut pas tout", de s'affranchir d'un “volontarisme" à tout crin. Symbole à ses yeux de ce nouveau diktat, le MoDem, pourtant héritier du courant fondateur de la loi de 1971, qui va jusqu'à proposer une “agence nationale de coordination chargée de mettre en ordre le secteur de la formation professionnelle"

Autre risque pointé par le consultant, celui d'un retour en force de “l'approche statutaire", au détriment de “dix ans d'efforts des partenaires sociaux" en faveur des logiques de parcours : “Pour certains, ce sont les moins qualifiés, pour d'autres, les chômeurs, les jeunes, les seniors, etc. Aborder les questions d'accès à la formation par le statut des personnes, c'est le degré zéro de l'imagination", fustige-t-il.

Exception à cette “absurde catégorisation", l'idée d'un “compte ou crédit individuel" reprise par la plupart des candidats. “C'est sans doute là ce qu'il faudrait le plus creuser, sauf que cela n'a été présenté par personne de façon un tant soit peu finalisée et opérationnelle", regrette-t-il, en interpellant : “Pour vous dire si l'on fait du neuf, le premier à avoir parlé de formation différée sous forme de crédit individuel, c'est Charles Pasqua en 1995, durant la campagne d'Édouard Balladur !"

Contestant par ailleurs la crédibilité des “rares propositions concrètes", Jean-Pierre Willems résume :
En clair, il n'y a pas véritablement de contenus sérieux et travaillés dans les programmes, mais quelques pistes qui pourraient préfigurer, non pas des réformes à venir, mais des chantiers qui pourraient être ouverts." Et de conclure : “À ce jour, rien de sérieux, ce qui veut dire que le travail reste à faire…"