Marie-Béatrice

Levaux

Aujourd'hui reconnu comme un secteur d'activités conséquent, la branche de l'emploi à domicile par les particuliers met l'accent sur la qualification des salariés, précise Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fédération du particulier employeur (Fepem).

Par - Le 22 mai 2007.

Inffo Flash : Quels sont les enjeux de la professionnalisation des services à la personne du point de vue des particuliers employeurs (PE) ?

Marie-Béatrice Levaux : Ils sont essentiellement liés à la nécessaire communication massive sur les dispositifs mis à disposition tant des PE que de leurs salariés. En effet, la construction spécifique et innovante réalisée par les partenaires sociaux de la branche professionnelle des salariés du PE, dans le cadre de la CPNEFP, répond aux enjeux spécifiques de notre secteur : 3,1 millions de PE et 1,450 million de salariés, donc un salariat essentiellement en multi-employeurs
(2,3 employeurs par salarié), la mise en place d'un plan national de formation construit autour d'une proposition de 6 000 actions de formation par an, réparties sur l'ensemble du territoire grâce à un réseau de près de 180 organismes de formation labellisés par la branche professionnelle. Un départ en formation facilité par le principe de l'employeur-porteur du projet de formation, la prise en charge de tous les frais pédagogiques et des salaires pendant le temps de formation – autant de facteurs positifs qui ont permis depuis dix ans de former près de 80 000 salariés.

Inffo Flash : Quelles sont les grandes avancées de ces dernières années en termes de qualification ou de compétences ? Que reste-t-il
à faire ?

Marie-Béatrice Levaux : Les principales avancées sont prioritairement des évolutions de mentalité : dès 1994, la Fepem s'engageait de manière très volontariste pour professionnaliser des salariés, qui à cette époque, il faut bien le dire, ne sensibilisaient pas vraiment les pouvoirs publics – les activités ménagères et de service à la personne renvoyaient plus à un acquis culturel qu'à une quelconque professionnalisation ! Ne disait-on pas déjà qu'il s'agissait de “vraies professionnelles" ?
La Fepem et ses partenaires ont largement contribué à rendre visibles et nécessaires la formation et la qualification de salariés souvent exclus du monde traditionnel du travail ou issus des populations immigrées. Nous avons acquis un savoir-faire dans ce domaine ; il n'y pas de salariés cadres chez les particuliers employeurs. Depuis dix ans, nous menons une politique active auprès des collectivités territoriales et, en particulier, auprès des Conseils régionaux, des services publics de l'emploi, pour que les particuliers employeurs soient reconnus comme des employeurs à part entière et bénéficient de l'accompagnement nécessaire à la professionnalisation de leurs futurs salariés. Nous avons construit trois titres qualifiants : titre homologué d'employé familial polyvalent, certificat de qualification professionnelle à la garde d'enfant et certificat de qualification professionnelle d'assistant de vie, inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles. Depuis leur création, nous avons formé près de 18 000 demandeurs d'emploi sur nos titres, avec le concours de plus de la moitié des Conseils régionaux, y compris dans les Dom et aujourd'hui 75 % d'entre eux sont en emploi. Il nous reste à convaincre les douze Conseils régionaux restants que le secteur des particuliers employeurs est en progression constante (+ 5 % par an depuis dix ans), que nos emplois restent sur leur territoire, ils ne sont pas délocalisables, et que nos salariés sont motivés par les emplois que nous leur offrons, tant sur le plan salarial que sur les conditions d'autonomie qu'ils offrent.

Inffo Flash : Quels sont les dispositifs de la formation professionnelle les plus adaptés aux besoins des salariés et des particuliers employeurs ?

Marie-Béatrice Levaux : Notre difficulté aujourd'hui est de pouvoir répondre à une demande de formation en constante progression. Dès que le dispositif est connu, sa simplicité d'accès permet à de nombreux salariés d'y avoir recours. Mais tous nos salariés ne sont pas prêts à reprendre, pour certains, le chemin de la salle de formation, il faut donc proposer une diversité de modes d'accès à la formation. C'est pourquoi, depuis cinq ans maintenant, notre branche professionnelle expérimente la formation ouverte et à distance (FOAD), avec un certain succès, auprès de catégories de personnes qui ne sont pas a priori sensibilisées à l'utilisation des nouvelles technologies. Nous serons prêts d'ici la fin de l'année à ouvrir une offre de formation complète à distance. C'est une avancée certaine, et qui va ouvrir également des perspectives en matière de recherche et développement. L'Institut Fepem de l'emploi familial est, sur ce sujet, impliqué dans la construction d'un réseau national FOAD pour le secteur des services à la personne.

Inffo Flash : Quelles sont les difficultés éventuelles rencontrées par les salariés et les employeurs pour leur mise en œuvre ?

Marie-Béatrice Levaux : Les principales difficultés, je le rappelle, tiennent encore à la méconnaissance par les particuliers employeurs et leurs salariés de l'existence d'un dispositif de professionnalisation parfaitement adapté aujourd'hui à leurs spécificités. Il nous faut encore davantage communiquer, et convaincre les pouvoirs publics de donner aux particuliers employeurs et à leurs salariés les mêmes appuis qu'aux autres acteurs du secteur des services à la personne. Nous sommes en bonne voie avec la création des délégués départementaux de l'Agence nationale des services à la personne, qui pourront nous relayer sur le département, car c'est au plus près des personnes concernées que doit se faire l'information. Nous comptons également sur notre réseau d'organismes de formation, sur notre Opca, l'Agefos-PME, et sur les associations régionales des particuliers employeurs (la Fepem en région).

Inffo Flash : En quoi la “feuille de route" élaborée par l'ANSP va-t-elle permettre un travail de fond sur la question ?

Marie-Béatrice Levaux : Nous gérons avec nos partenaires sociaux trois conventions collectives et deux CPNEFP, nous avons l'habitude du dialogue social. C'est avant tout dans nos instances que se construisent les avancées futures. L'ANSP accompagne chacun des acteurs du secteur, elle ne peut se substituer à leurs organisations. Son rôle est d'impulser de bonnes pratiques dans le secteur, en ce sens nous sommes très volontaires, car nous avons subi pendant très longtemps un manque de visibilité et quelques idées reçues tenaces ! Nous travaillons en partenariat, mais chaque acteur du secteur a sa logique et son expérience, il s'agit moins d'une feuille de route commune que d'une volonté partagée d'aller dans le sens d'une amélioration globale et visible.

Inffo Flash : La Fepem, par l'intermédiaire de son Institut, a permis la mise en place des relais d'assistant de vie (Rav), la dernière installation ayant eu lieu le 26 avril dernier aux Mureaux. Pouvez-vous nous dire en quoi ils participent de la professionnalisation des services à la personne ?

Marie-Béatrice Levaux : Les relais d'assistant de vie qui se mettent en place dans près de dix départements, à titre expérimental, avant d'être généralisés, sont le résultat d'un travail de réflexion autour des problématiques liées à l'isolement professionnel rencontré par nos salariés. Nous avons privilégié la situation des salariés assistants de vie qui travaillent dans le cadre de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). En partenariat avec les Conseils généraux volontaires, un animateur référent, nous proposons des points de rencontre, d'échange et de partage des expériences. Des débats sont organisés autour des spécificités du métier auprès des personnes dépendantes. Le relais est un lieu de proximité, un espace de professionnalisation. Une vingtaine de rencontres par an y sont organisées, d'une durée de trois heures chacune,
l'inscription se fait par module de cinq séances. Le premier relais assistant de vie vient d'être inauguré aux Mureaux, le prochain le sera à Reims.

Contact : www.fepem.fr