Catherine Perret, secrétaire nationale CGT en charge de la formation professionnelle.

Pour la CGT, l'Afpa « rénovée » peut « devenir le cœur de la future sécurité sociale professionnelle »

Par - Le 18 novembre 2016.

Le 17 novembre, la CGT célébrait les 70 ans du décret qui allait donner naissance à l'Afpa. L'occasion pour la confédération d'analyser la transformation de l'Association en Epic au 1er janvier prochain qui présente le mérite de « replacer l'Afpa au cœur du service public de l'emploi ».

Le 9 novembre 1946, Ambroise Croizat, alors ministre communiste du Travail, unifiait au sein d'une même entité publique l'ensemble des centres de formation professionnelle pour adultes et posait ainsi la première pierre de la structure qui allait devenir l'Afpa.

La CGT a rappelé son implication dans la création de l'Association pour la formation des adultes. « La CGT a toute légitimité pour se revendiquer créatrice de l'Afpa » affirmait le secrétaire général du syndicat à l'ouverture du colloque-anniversaire. Ambroise Croizat fut, il est vrai, une figure de la Centrale de Montreuil au mitan du siècle écoulé ainsi que l'un des patrons emblématiques de la puissante Fédération de la métallurgie cégétiste.

Le changement peut être une chance

70 ans plus tard, toutefois, l'histoire de l'Afpa se voit bouleversée par sa transformation statutaire. Le 1er janvier 2017, l'Association cédera la place à un établissement public industriel et commercial (Epic). Ce dernier sera placé sous la tutelle de l'État dès lors qu'il s'agira de remplir sa mission de service public en assurant la formation des demandeurs d'emploi, mais doté de deux filiales destinées à prospecter le marché des entreprises sans distorsion de concurrence avec les prestataires privés, comme l'exige Bruxelles. Une situation à laquelle la CGT ne s'était pas opposée lors des deux passages du décret de transformation statutaire devant le Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Cnefop). « La première fois, nous l'avions approuvé. La seconde, nous nous sommes abstenus. Pas par refus de la constitution d'un Epic, mais parce que nous désapprouvions la place que réclamaient les régions dans la gouvernance de la future Afpa » précise Catherine Perret, la secrétaire confédérale cégétiste en charge du dossier formation.

Plus réservée, la CGT de l'Afpa, a pour sa part désapprouvé le projet lorsque celui-ci lui fut soumis en octobre dernier lors d'un Comité central d'entreprise dédié. « Tout projet de transformation fait peur » confesse Christian Filliot, secrétaire général du syndicat cégétiste de l'Afpa, « alors oui, le changement statutaire peut être une chance… mais uniquement si le corps social de l'Afpa s'en empare pour faire bouger les lignes ». Au rang de ses désidératas, la CGT aurait souhaité voir l'activité de l'Afpa sécurisée par une politique forte de contractualisation avec les conseils régionaux à l'occasion de la mise en œuvre du plan « 500 000 formations pour les demandeurs d'emploi ». Ce ne fut pas le cas.

"La transformation statutaire replace l'Afpa au centre du service public de l'emploi"

Malgré ses réserves, la CGT confédérale se réjouit plutôt de la transformation de l'Afpa en établissement public, tout en restant méfiant quant au statut et à l'avenir de ses futures filiales. « Ainsi rénovée, l'Afpa peut devenir le cœur de cette future sécurité sociale professionnelle que nous appelons de nos vœux en permettant des allers-retours entre séquences d'emploi et de formation tout en conservant les droits sociaux des individus » confie Catherine Perret. Satisfaite, aussi, de voir l'Afpa dotée de nouvelles missions, notamment sur le conseil en évolution professionnelle « qui permet de replacer la question de l'orientation au cœur de son action ». Mais aussi par le travail qui sera le sien d'identification des métiers de demain et d'adaptation de l'offre de formation aux nouveaux enjeux professionnels de l'avenir. « Cette transformation statutaire n'est pas parfaite, mais elle a le mérite de consacrer une Afpa une et indivisible et de consacrer sa place au centre du service public de l'emploi » reconnait la secrétaire confédérale.

Néanmoins, si les instances confédérales semblent se satisfaire de la tournure finale des évènements, certains salariés et adhérents CGT restent plus dubitatifs. « Il y a encore beaucoup de problèmes. Ce n'est pas normal que l'Afpa ne pèse que 5 % du marché de la formation et dispose de 15 000 places libres vu la situation de l'emploi dans le pays ! Sans parler du suivi psycho-social des stagiaires qui n'est plus assuré faute de moyens et du fait que ceux-ci doivent désormais payer une partie de leur hébergement, ce qui pose des problèmes vu leur situation de précarité sociale !» énumère Frédéric Racinne, formateur au sein d'un centre nantais.