« Le CEP est un service, le bilan de compétences une prestation » (Schany Taix, FNCIBC)
Sélectionnés par France compétences pour délivrer le conseil en évolution professionnelle des actifs du secteur privé dans huit régions, les centres interinstitutionnels de bilans de compétences (CIBC) vont désormais gérer deux dispositifs d'accompagnement.
Par Nicolas Deguerry - Le 26 novembre 2019.
Présentée lors du vote de la loi Avenir professionnel comme un impensé de la réforme, la question de l'articulation entre conseil en évolution professionnelle et bilan de compétences revient avec force. Désigné opérateur du CEP des actifs du secteur privé dans huit régions (voir notre article), les centres interinstitutionnels de bilans de compétences vont devoir montrer qu'ils distinguent bien les deux dispositifs. Pour Schany Taix, délégué général de la fédération nationale des CIBC (FNCIBC), la problématique est connue et parfaitement encadrée.
« Le bilan et le CEP sont des dispositifs frères et complémentaires, souligne Schany Taix : le bilan est une prestation qui comporte un début, un milieu et une fin, le CEP est un service itératif ». Convaincu que des dynamiques différentes sont à l'œuvre, il décrit le CEP comme un « catalyseur de situations qui peuvent évoluer rapidement ». Doté d'un objectif différent et inscrit dans un temps plus long, le bilan permet lui « d'aller plus en profondeur et de mobiliser un niveau d'expertise supérieur ».
Auto-prescription ?
Reste qu'avec un bilan de compétences présenté comme une issue possible au CEP, les CIBC courent le risque d'être accusés d'auto-prescription. « Ce risque est très clairement cadré dans le cahier des charges du CEP, qui prévoit explicitement que le conseiller qui délivre le CEP ne pourra être celui qui délivre une prestation complémentaire », observe Schany Taix. Laquelle peut effectivement être un bilan, « mais aussi une action de VAE ou un certificat de connaissances et de compétences professionnelles CléA », rappelle-t-il.
Conscient que les CIBC sont attendus au tournant sur le sujet de l'auto-prescription, Schany Taix estime que « tout l'enjeu réside dans le devoir d'information » : lorsque le CEP fait apparaître un besoin de prestation associée, l'opérateur du service CEP doit obligatoirement et clairement informer le bénéficiaire de l'ensemble des acteurs en mesure de délivrer la prestation complémentaire. « Si malgré tout, la personne décide, avec ce choix éclairé, d'engager la prestation avec l'organisme qui délivre le CEP, elle sera amenée à signer un document attestant qu'elle a été informée de la liberté de choix, que le besoin a été qualifié et qu'un certain nombre d'acteurs lui ont été proposés ».
Peu d'actions complémentaires
S'appuyant sur un retour d'expérience de la délivrance du CEP par les CIBC dans le cadre de la loi de 2014, Schany Taix souligne par ailleurs qu'il est apparu que - de 6 % des personnes accueillies en CEP s'engagent dans une prestation associée, et que - de 3 % de ces personnes l'ont fait dans un CIBC.
Au-delà de cette dimension statistique, le délégué général de la FNCIBC se dit convaincu que « si le CEP est bien mené, la logique de prescription n'existe pas. » Pourquoi ? « Parce que la personne a été rendue actrice de son parcours, qu'elle a un regard éclairé et éveillé sur son besoin et les ressources de son territoire et, donc, sur la meilleure solution qui s'offre à elle pour continuer son parcours d'accompagnement. »