Le ministre des PME face aux témoignages d'employeurs confrontés aux freins à l'embauche d'apprentis
Ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, en charge des PME, Alain Griset est allé jeudi 17 septembre à la rencontre des jeunes apprentis et des chefs d'entreprise du département de Seine-Saint-Denis, dans le Campus des métiers de Bobigny.
Par Eric Delon - Le 21 septembre 2020.
Le soleil est au zénith, quand, en ce début d'après-midi, ce jeudi 17 septembre, Alain Griset, le ministre délégué auprès du ministre de l'Économie (des Finances et de la Relance) chargé des PME pénètre dans le très beau Campus des métiers et de l'entreprise du centre de formation d'apprentis (CFA) de Bobigny (Seine-Saint-Denis), inauguré il y a tout juste dix ans. L'ancien président de l'Union des entreprises de proximité, ministre du gouvernement Castex depuis deux mois, est venu pour évoquer les annonces de France Relance, qui prévoit 8 milliards d'euros pour la formation et le développement des compétences au sein des TPE et des PME dont 3 milliards d'euros d'aides pour recruter des jeunes notamment en apprentissage ou en contrat de professionnalisation.
Dialogue avec des apprentis
Le ministre, entouré des principaux représentants des acteurs de la vie économique et consulaire de Seine-Saint-Denis, gravit les escaliers de ce très vaste campus (23 000 m2) qui délivre plus de 30 formations diplômantes (du préapprentissage au niveau III) et qui accueille 1100 apprentis. Première étape de son déplacement : aller à la rencontre des formateurs et apprentis du CFA. Nous pénétrons dans l'immense et immaculé atelier automobile de 2000 m2 où Alain Griset va entamer un dialogue pendant une quinzaine de minutes. « J'ai suivi une formation de CAP automobile il y a une quinzaine d'années puis j'ai multiplié les expériences professionnelles dans des garages de la région. Désormais, je suis formateur ici et fier d'assurer la transmission », lui lance un solide gaillard. Le ministre demande, avec humour, à la petite dizaine d'apprentis, quel est le nom de leur voiture préférée.
Carnets de commande loin d'être remplis
Puis le cortège « masqué » se dirige vers les salles de cours des formations en boulangerie, coiffure, prothèse dentaire, avant que le ministre ne s'installe au cœur de l'atelier automobile où l'attendent, sur des chaises disposées à distance « Covid » raisonnable, une trentaine de chefs d'entreprise du département. Président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) de la Seine-Saint-Denis, Jean-Lou Blachier est le premier interlocuteur à interpeller Alain Griset sur le plan de relance. « Ce plan est intéressant, ambitieux, la France, de ce point de vue a été exemplaire. Mais nous sommes inquiets. Nos carnets de commande sont encore loin d'être remplis. Quant au prêt garanti par l'Etat, nous aimerions que les délais de remboursement soient allongés à dix ans, contre six ans actuellement, car nos adhérents peinent à se relever économiquement », explique-t-il. « Même s'il faut rester prudent, les prévisions économiques sont moins mauvaises que prévu, répond le ministre qui se dit « parfaitement conscient » des difficultés des acteurs économiques, notamment les PME. « Nous négocions avec les banques pour qu'elles rallongent les durées de remboursement, et ce, à des taux « cléments », entre 1% et 3% », lance-t-il.
Difficultés à trouver des apprentis
A la tête d'une entreprise de six salariés dans le bâtiment à Drancy (Seine-Saint-Denis), une dynamique quadragénaire, tout en se réjouissant de compter dans son effectif un apprenti qui a « fait ses classes » au sein du Campus des métiers, explique que dans le cadre du plan de rénovation énergétique des bâtiments (inclus dans le plan de relance) sur lequel elle compte bien se positionner, elle peine à trouver des apprentis spécialisés dans l'isolation extérieure. « Il existe des CFA spécialisés dans ce domaine, j'en ai visité un il y a quelques jours en Seine-et-Marne, lui répond le ministre. J'invite les entreprises à en ouvrir davantage, ce que permet la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de septembre 2018 ». Artisan traiteur dans l'évènementiel et adhérent à la CPME 93, Jean-Louis regrette « amèrement » que, une à une, les entreprises décommandent leurs événements festifs. Il se plaint, en outre, que les pertes d'exploitation n'aient été, qu'en faible partie, prises en compte par les assurances « Nous en avons pleinement conscience au gouvernement, lui répond Alain Griset. Nous avons manifesté notre mécontentement auprès de leurs représentants il y a encore quelques jours. Actuellement, 7% des PME sont en conflit, dont bon nombre devant la justice, avec leurs compagnies d'assurance ».