Les compétences, un des enjeux du plan de soutien à l'automobile
A l'occasion de la présentation, mardi 26 mai, des mesures destinées à soutenir la filière automobile fortement touchée par la crise sanitaire, Emmanuel Macron a invité les partenaires sociaux à se mobiliser et à innover pour préserver les emplois et favoriser le développement des compétences.
Par Estelle Durand - Le 29 mai 2020.
L'État va engager plus de huit milliards d'euros pour venir au secours de la filière automobile qui a connu une baisse d'activité de 80% pendant la crise sanitaire. Présenté mardi 26 mai, par le président de la République, ce plan de soutien à une industrie qui emploie 400 000 salariés en France comporte des actions immédiates et des mesures à plus longues échéances destinées à rendre la filière « plus verte et plus compétitive ». En plus des aides destinées à soutenir la demande, l'État va ainsi mobiliser des fonds pour accompagner la modernisation des chaînes de production et encourager les investissements dans les technologies de demain (véhicules propres, voiture autonomes…). En contrepartie, l'État demande aux acteurs de la filière d'amplifier leurs efforts en faveur des véhicules propres et de maintenir sur le territoire « leurs activités de recherche et de production à forte valeur ajoutée » pour « faire de la France la première nation productrice de véhicules propres. »
Préserver les emplois et développer les compétences
Ce plan qui va accélérer les mutations déjà à l'œuvre dans le secteur de l'automobile aura des conséquences sur la gestion des compétences. Dans des entreprises quasiment à l'arrêt pendant la crise sanitaire et dont l'activité ne va reprendre que progressivement, tout l'enjeu sera de sécuriser les emplois, d'anticiper les futurs besoins en compétences et de disposer de ressources pour former leurs salariés. Des problématiques dont se sont saisis les partenaires sociaux de la métallurgie.
Dans un « manifeste pour préserver l'emploi et les compétences et construire l'industrie de demain », l'UIMM et trois organisations syndicales (FGMM CFDT, FO Métaux et CFE-CGC Métallurgie) émettent une série de propositions : prolongation du régime exceptionnel d'activité partielle, mise en place d'un dispositif alternatif permettant de limiter les impacts sur les rémunérations pendant les périodes de sous-activité, soutien à la formation, à l'apprentissage et à l'emploi des jeunes. Une initiative saluée par Emmanuel Macron lors de la présentation du plan en faveur de l'automobile.
Dialogue social
Dans cette logique de dialogue social, le président de la République a demandé aux ministères du Travail et de l'Économie de travailler avec les partenaires sociaux sur « un cadre » en faveur de l'emploi et des compétences. Un cadre qui pourrait donner lieu à des principes et outils qui seraient ensuite déclinés au niveau des branches et des entreprises. Dans l'automobile, secteur durement touché par la crise, il s'agit « d'éviter à tout prix les plans sociaux et les faillites », de négocier des accords permettant d'ajuster l'activité et d'accélérer le développement des compétences selon Emmanuel Macron : « utiliser ce temps qui est libéré par du chômage partiel provisoire pour former, monter en compétences, aller vers les nouveaux emplois ou les nouvelles qualifications qui existent dans la filière. »
Soutien à l'alternance
Pour encourager la formation, le document de présentation du plan de soutien à l'automobile évoque un assouplissement et un élargissement des dispositifs existants. Ainsi, le FNE Formation « sera mobilisé pour financer la formation des salariés des entreprises en activité partielle les plus exposées et sur des actions prioritaires (santé, robotisation digitalisation, transition écologique) ». Si l'enveloppe de 500 millions d'euros allouée par l'État à ce dispositif ne suffit pas, les fonds mutualisés des opérateurs de compétences – Opco 2i et Opco Mobilités – « pourront être sollicités, dans des conditions à définir avec l'État. »
Le document fait aussi référence à un plan d'urgence qui « sera mis en œuvre, en lien étroit avec les branches et l'État, pour réduire significativement le coût d'un jeune en alternance et permettre à la filière de viser une stabilisation du niveau d'alternants. » Par ailleurs, la Plateforme automobile (PFA) sera mobilisée pour faciliter la mise en relation entre les entreprises et les alternants et suivre le parcours des jeunes afin de prévenir les risques de rupture.
La filière automobile en chiffres
4 000 entreprises industrielles 400 000 salariés 155 milliards d'euros de chiffre d'affaires Les conséquences de la crise sanitaire Le marché français de l'automobile a chuté de 72 % en mars et de 89 % en avril 295 millions d'euros de prêts garantis par l'État ont été accordés aux entreprises du secteur 1 475 sites ont eu recours au chômage partiel pour 248 500 salariés |