Matthieu Collin, de la fabrication de cocktails à celle de sites internet
Longtemps, Matthieu Collin, 42 ans, s'est senti bloqué dans son parcours professionnel par l'absence de bac. Il enchaîne les petits boulots, reste trop longtemps, à son goût, dans la restauration. Jusqu'à ce qu'un courrier de Pôle emploi lui ouvre des perspectives de formation et de reconversion inespérées.
Par Sophie Massieu - Le 09 janvier 2020.
“ Je n'étais pas dans les normes." Le petit Matthieu est turbulent, redouble deux fois, va à l'internat… et finalement s'arrête en troisième. Alors, il se lance rapidement sur le marché du travail. À moins de 20 ans, un CAP café-brasserie en poche, il “porte un plateau". Mais en entreprise aussi, il peine à supporter les autorités. Il tient un an, avant de partir à la Réunion, faire son service militaire, rejoindre un ami, apprendre le créole et travailler, un peu, en restauration.
L'obstacle du bac et du coût
De retour en métropole, il enchaîne les petits boulots pendant plusieurs années, puis repart en voyage. Cette fois en Chine, où il enseigne deux ans le français oral à des Chinois désireux de gagner la France ou le Québec. Il se découvre des facilités d'adaptation, des aptitudes à lui-même apprendre les langues. Le créole, le chinois… Malgré tout, à son retour en France, à l'aube de sa troisième décennie, il regrette que la restauration demeure son seul horizon. Il commence pourtant à caresser le rêve d'une formation d'infographiste. Mais ne sait comment sauter l'obstacle du coût et, toujours, du bac.
Le déclic
Et puis, en septembre 2018, se produit le déclic. Il prend la forme d'un courrier de Pôle emploi, qui lui propose une formation de référent web polyvalent, dispensé par l'organisme parisien TharGo (co-créé par Erwan Kezzar, ex-cofondateur de Simplon), accessible aux non-bacheliers, spécialisée dans les domaines de la culture, de l'audiovisuel, de la communication. “Cela réunit beaucoup de choses que j'aime : la photo, la vidéo, le design…" Il fonce. Il est retenu. Il brille. Durant les six mois de formation, il acquiert tous les savoirs techniques et langages nécessaires à la fabrication de sites internet. Cela le passionne. La promesse était qu'à la sortie, nombre des stagiaires trouvent un CDI ou un CDD d'au moins six mois dans des PME. Mais si leurs besoins en matière de numérique sont réels, elles ne les traduisent pas facilement en embauches. Pas de quoi décourager ce major de promo. Déterminé, Matthieu décide alors d'exercer son nouveau métier de façon indépendante. “C'est une affaire de réseau. Ce n'est pas simple de débuter, mais je compte sur le bouche à oreille et Thargo nous accompagne." Ensuite ? Matthieu entend bien développer son entreprise, créer bon nombre de sites de PME. Puis il espère devenir développeur. “Ce que j'ai le plus appris dans cette formation, c'est la confiance en soi, et la prise de conscience de mes qualités et capacités. Même si elles ne sont pas couronnées par un diplôme !"