Quand la loi « avenir professionnel » dope le marché de la formation

La loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 a fait bondir le nombre d'organismes de formation et le chiffre d'affaires du secteur. Avec, pour corollaire, la diversification des publics et des sources de financement. C'est ce que démontre une enquête menée conjointement par le Cereq et la Dares, publiée en ce début de mois.

Par - Le 12 novembre 2024.

Douze pour cent. C'est le taux d'augmentation du nombre des organismes de formation en deux ans, de 2019 à 2021. Le chiffre d'affaires a atteint 19 milliards d'euros en 2021, ce qui représente, aussi, une augmentation importante. L'enquête menée de concert par la Dares et le Cereq sur la transformation de l'offre de formation en 2022 et 2023 auprès des organismes de formation témoigne d'effets importants de la mise en application de la réforme induite par la loi de 2018 sur le volume et la nature de leurs activités.

Quatre bouleversements structurels

Cette loi a porté plusieurs changements structurels. A commencer par la désintermédiation et la monétisation du Compte personnel de formation, qui a démultiplié le recours à ce dispositif. De même, la libéralisation de l'apprentissage et la création de France compétences et des opérateurs de compétences ont-elles contribué à l'expansion du marché. Un marché malgré tout quelque peu régulé par la quatrième modification structurelle du paysage : l'obligation d'obtenir, depuis le 1er janvier 2022, la certification Qualiopi pour percevoir des fonds publics ou mutualisés, ou pour délivrer des formations dans le cadre du CPF.

Pour répondre à la demande, les organismes de formation ont assez massivement recouru à la sous-traitance. Un tiers d'entre eux, hors micro-organismes, a utilisé cette possibilité. En particulier pour animer des formations.

Diversification et segmentation des publics

Les employeurs demeurent les principaux clients des organismes de formation. Malgré tout, les catégories d'apprenants se sont diversifiées. En particulier au travers du Plan d'investissement dans les compétences (PIC) et de ses déclinaisons régionales (PRIC), visant à former des publics plus fragiles, comme les demandeurs d'emploi. Ce sont principalement les organismes de formation publics ou privés non-lucratifs qui se sont tournés vers ces stagiaires. Plus d'un organisme public sur deux (54 %) forme des demandeurs d'emploi. De même, ce sont eux qui, principalement, offrent des formations certifiantes. Les organismes privés lucratifs, eux, les plus nombreux, continuent de s'adresser majoritairement aux salariés.

Enfin, crise sanitaire oblige, les modalités pédagogiques ont, elles aussi, évolué. Avec une plus large part accordée aux formations à distance ou bimodales. Autrement dit, réformes structurelles et éléments conjoncturels ont cumulé leurs effets pour, radicalement, modifier le paysage de la formation professionnelle continue ces dernières années.