« La réforme du pilotage de l'apprentissage renverse la table » (Dominique Ganteille, CFA de Gironde)
Par Jean Berthelot de La Glétais - Le 22 mars 2018.
Directeur du centre de formation des apprentis de Gironde, Dominique Ganteille confie ses incertitudes quant aux conséquences de la réforme à venir, qui pourrait bouleverser le mode de fonctionnement de structures comme la sienne. Entretien avec Le Quotidien de la formation.
Le Quotidien de la formation - Que va changer, pour vous, la réforme de l'apprentissage ?
D. G. - Il est trop tôt pour avoir des certitudes puisque le travail législatif est en cours. Nous attendons la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 18 avril pour en savoir plus. Mais d'ores et déjà, il est acquis que le pilotage va changer et que ce qui est à l'heure actuelle de la compétence du Conseil régional va échoir, plus ou moins largement, aux branches professionnelles. Jusqu'à quel point ? C'est là toute la question mais on peut se demander si, demain, ce ne sont pas les branches qui seront aux commandes... Je le dis sans jugement, en tant que technicien seulement, mais là, très clairement, on renverse la table.
QDF - Avec quelles conséquences, selon vous ?
D. G. - La question majeure, c'est de savoir s'il y aura une solidarité entre les branches. Est-ce que les plus riches accepteront de payer pour celles qui auront moins de moyens ? C'est un peu caricatural de dire cela, mais c'est l'idée. Demain, les CFA ruraux pourront-ils subsister ? Chez nous, on enseigne la coiffure par exemple. C'est une branche qui a moins de moyens que d'autres, devra-t-on moins former à cause de cela ?
QDF - Concernant les budgets, avez-vous aujourd'hui des certitudes ?
D. G. - Pas du tout. Nous étions sur un mode de fonctionnement clair de ce point de vue, la Région nous finançait tant que nous avions un certain nombre de contrats pérennes décrochés à l'issue de la formation. Nous étions dans une région très dynamique en termes d'apprentissage. Alain Rousset, le président de la Région, nous réunissait régulièrement, nous fixait des objectifs réalistes mais ambitieux, ce qui n'est pas forcément dans les habitudes du secteur public. J'en parle d'autant mieux que j'ai connu des Régions, auparavant, beaucoup plus attentistes. Là, avec Grand Est et Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine est l'une des trois régions où le dynamisme est le plus intéressant.
QDF - Dans ces conditions, comment fixer des priorités pour les prochains mois ?
D. G. - C'est forcément compliqué. Nous avons toujours la volonté de développer, par exemple, les échanges internationaux, ou encore de nous ouvrir davantage à la formation pour adultes, lesquels ne sont aujourd'hui qu'une cinquantaine sur les 1 500 personnes que nous accueillons. Mais nous sommes suspendus aux décisions qui vont être prises dans les semaines à venir...