« Le compte personnel de formation, c'est le marché » (François Hommeril, CFE-CGC)
Par Aurélie Gerlach - Le 15 novembre 2018.
« La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel déconstruit des dispositifs qui fonctionnaient et qui avaient trouvé leur équilibre. C'est ce qui s'est passé, par exemple, pour le Cif (Congé individuel de formation). Bien que sous-financé, celui-ci répondait à un besoin plus que jamais d'actualité : celui de permettre la reconversion et la requalification des salariés. » Dans le cadre d'une matinée organisée par l'Ajis (Association des journalistes de l'information sociale), le président de la CFE-CGC s'est exprimé sur la réforme de la formation. Une prise de parole qui intervient une semaine après la publication d'un communiqué intersyndical, adopté par les huit organisations syndicales et patronales représentatives au niveau interprofessionnel.
Un système qui n'a jamais pris son envol
Dans cette position commune, les partenaires sociaux « constatent que les projets de décrets d'application de la loi du 5 septembre 2018 (lire notre article) ne tiennent pas tous compte, à ce stade, de certaines de leurs principales préoccupations ». Ils affirment ainsi avoir « défini un programme de travail sur des axes prioritaires » parmi lesquels figurent la « sécurisation des parcours des actifs et la compétitivité des entreprises » et « l'accompagnement des transitions professionnelles ».
Si, pour François Hommeril, le renforcement du Cif aurait été en adéquation avec ces priorités, en revanche il ne porte pas le même regard sur le Compte personnel de formation. « Le CPF, c'est le marché. Ce système n'a jamais pris son envol. Sa montée en puissance se fait au profit des organismes de formation et de la FFP », juge-t-il, considérant que le gouvernement a répondu à une « injonction » de ces acteurs. Et de regretter les plans sociaux qui devraient toucher les personnels « très qualifiés » des Fongecif « pour faire plaisir à des opérateurs de marché ».
Cohérence des Opco
La refonte des Opca, que la loi transforme en Opco (Opérateurs de compétences), et dont le nombre doit passer de 20 à 11, inquiète également le président de la CFE-CGC. « La fixation d'un seuil minimal de collecte à 200 millions d'euros ne me semble pas pertinente. Il ne devrait d'ailleurs pas y avoir d'objectif chiffré. Le risque est d'induire des regroupements si larges que cela nuira à la cohérence du champ couvert, et transformera les Opco en organismes interprofessionnels », fait-il valoir.
Pourtant, les Opérateurs de compétences ont un rôle important à jouer, selon lui. « Avec la suppression du plan de formation, il reviendra à l'Opco de se saisir de la politique de formation des branches et de la décliner », ajoute-t-il, insistant sur la nécessité d'un développement de compétences au sein de ces organismes. Une affirmation en phase, une nouvelle fois, avec l'un des « chantiers prioritaires » définis par les partenaires sociaux dans leur déclaration commune : « Analyser les besoins en qualifications et en compétences du marché du travail, aux niveaux sectoriel et territorial ».
Consulter le communiqué intersyndical du 8 novembre 2018 sur la mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle.