« Nous devons trouver le bon niveau de régulation », Stéphane Lardy directeur adjoint du cabinet de Muriel Pénicaud
Par Catherine Trocquemé - Le 09 avril 2018.
La veille de la présentation par Muriel Pénicaud du projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » (voir notre article), Stéphane Lardy revenait sur l'esprit de la réforme devant les apprentis du CFA IGS à Paris. Invité par les étudiants en Master Pro à ouvrir leur table ronde jeudi 5 avril, le directeur adjoint du cabinet de la ministre du Travail réaffirmait l'approche du gouvernement, « le projet de loi n'est pas figé. Nous voulons travailler en partenariat avec les acteurs et trouver le bon niveau de régulation ». Devant un amphithéâtre plein à craquer, il a répondu aux interrogations suscitées par cette réforme hors norme. Parmi elles, la place du paritarisme dans la nouvelle architecture de la formation professionnelle.
Un changement de culture
Pour Stéphane Lardy, la gestion au niveau national et interprofessionnel doit « être clairement quadripartite », à travers l'agence France compétences. Les futurs opérateurs de compétences restent « paritaires comme le rappelle le projet de loi ». Les Opca perdent la collecte et sont appelés à se restructurer. Intervenants de la table ronde, les représentants des partenaires sociaux et d'Opca présents dans la salle ont été attentifs à ces précisions. « Le sujet n'est pas de fixer leur nombre mais de retrouver une cohérence de filières et de métiers. Leur épicentre va changer pour se concentrer sur l'alternance, l'ingénierie des certifications, la co-construction des diplômes, l'accompagnement des petites entreprises et la gestion prévisionnelle des compétences. ». Pas de grand « mercato » des Opca, insiste encore Stéphane Lardy.
Des points de vigilance
Lors des discussions de la table ronde, les partenaires sociaux ont rappelé leur opposition à la monétisation du CPF. « Il y a un risque de marchandisation de la formation professionnelle », prévient Jean-François Foucard, secrétaire national CFE-CGC. Des inquiétudes persistent sur d'autres sujets. Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO, s'interroge sur le droit aux formations longues, « nous avions obtenu que le CPF de transition soit abondé d'autant d'heures que nécessaire. Comment cela sera-t-il repris le projet de loi ? ».
En se projetant dans l'avenir, les Opca se disent prêts à jouer leur nouveau rôle dans l'alternance. « Nous avons enregistré une augmentation de plus de 12 % des contrats de professionnalisation chez nos adhérents. En matière d'apprentissage, nous devrons faire un travail sur la définition des coûts des contrats d'apprentissage », indique Yves Hinnekint, directeur général d'Opcalia tout en regrettant la perte de la collecte comme « point d'entrée auprès de nos entreprises adhérentes ». Pour Philippe Debruyne (CFDT), président du Copanef, la réforme devrait renforcer de nouvelles modalités d'apprentissage, « l'entreprise est une ressource pédagogique en tant que telle », et des ingénieries pédagogiques innovantes « à même de raccourcir le temps de formation ».