La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », largement inspirée de tests menés dans les Hauts-de-France (journée ALCF)
Par Madeleine Vatel - Le 18 septembre 2018.
Que faut-il retenir de la réforme de l'apprentissage portée par la loi Avenir professionnel promulguée le 5 septembre ? Pour y répondre, l'Alliance locale de compétences et de formations (ALCF) a invité les entreprises et les centres de formations à une conférence lundi 17 septembre à la chambre régionale de commerce et de l'industrie des Hauts-de-France.
Face à près de 150 professionnels, Hervé Dallongeville, directeur régional de l'Opca interprofessionnel Agefos PME a rappelé que c'est d'abord toute la gouvernance et les dispositifs de formation qui sont revus. Il s'est aussi arrêté sur le financement. « La gestion au contrat va bousculer le modèle économique des centres de formation d'apprentis (CFA). Par exemple pour nous, si aujourd'hui, un tiers des ressources d'Agefos PME est fléché vers le financement des politiques d'emploi et d'apprentissage, cette part passera demain à 70 % avec la réforme ! ».
Hauts-de-France, région pilote
Deux mesures inscrites dans la loi font suite à une expérimentation menée en amont dans les Hauts-de-France. À savoir : la souplesse dans la signature des contrats qui peuvent être signés par des candidats âgés jusqu'à 30 ans ; la flexibilité dans les CDD qui s'étendront de 6 à 36 mois ; et la simplification des ruptures de l'apprentissage. À noter également que l'aide mobilité par le financement du permis de conduire, et l'ouverture européenne ont également été testées en amont dans la région.
« Demain, les procédures administratives seront beaucoup plus simples, ce qui lève un frein dénoncé par les entreprises qui seront par ailleurs encouragées à ouvrir leur propre CFA. Au final, cette réforme libéralise le marché. Du coup, ce qui régulera de façon déterminante les ouvertures de centres, c'est la qualité », a affirmé Franck Savann, consultant expert formation et président de l'ALCF avant de préciser que les Hauts-de-France sont déjà sur ce thème en avant-garde : depuis l'arrivée de Xavier Bertrand, les CFA de la égion sont soumis à des objectifs qualité via les contrats de performance.
Anticipation
Même si la politique menée dans la Région a permis d'anticiper certains changements, la réforme reste un chamboulement important. « La frontière entre formation professionnelle et apprentissage s'estompe et les CFA doivent s'adapter en raison de la nouvelle répartition des rôles qui fait tomber la logique de décentralisation, avec des moyens considérables ôtés aux Régions », note Denis Jorel, directeur du CFA régional Hauts-de-France et président des associations régionales de directeurs de centres de formation d'apprentis (ARDIR).